#revisite #07 | autobiographie aux noms propres

Un pays de rocaille et de sommets escarpés et pointus, un pays de verticales. Exactement où le Champsaur et le Dévoluy s’épousent au creux de la vallée du Buêch. Après le village de Montmaur s’y coule la Sigouste qui garde le tumulte des ruisseaux des sources froides alimentées par les névés. Il faut descendre plus bas le long de la route Napoléon. On bifurque avant les basses alpes menant à la Provence, Dignes, Sisteron, Manosque, Forcalquier… Ici une patte d’oie, un carrefour, un trou, tout au fond de la vallée. On peut choisir d’y remonter le boulevard d’Embrun vers d’autres hautes promesses : la cité étoilée de Vauban, Montdauphin, jusqu’à Briancon, point final aux alpes françaises. C’est là que je suis née. A la maternité d’un hôpital qui n’a pas de reçu de nom. On l’appelle l’hôpital de la ville située au trou. la Luye sorte de canal aux reflets verts bruns d’égouts la traverse. Il y a trois collèges: le sud le centre et le nord. Le lycée centre s’appelle Dominique Villard. En face, au bar du Lyon, du côté impair du boulevard de la Libération, se trouve, calfeutrée tout au fond, une salle équipée d’un billard. Au nord, c’est saint Joseph  – on dit plutôt : je vais au lycée saint Jo’- Au  sud, on s’arrête avant le baccalauréat. Le bâtiment est en préfabriqué, on y enseigne les filières professionnelles. Il n’a pas de nom – du moins à ma connaissance –
C’est au bois de saint Jean où serpentent les petites rues aux noms d’oiseaux et de fleurs que j’ai cueillit mes plus beaux souvenirs du trou. Ce fou rire ( a propos de quoi?) en traversant le terrain vague non loin d’hyperU et du Mac Do qui venait de voir le jour.
La dernière fois que je suis repartie, le terrain vague avait été aménagé en parc Givaudan avec de jeunes arbustes qui donnaient peu d’ombres, des toboggans et des cris d’enfant. Le long de l’avenue Jean Jaurès, des immeubles encadraient le Mac Do. Un peu plus loin, le cimetière saint  Roch.
Je ne suis pas allée jusque là, j’ai pris sur la droite, rue des alouettes. J’ai toujours préféré la roche à la terre. J’ai levé les yeux. Tout autour en couronne, la façade arrondie de Ceüze saluait les crêtes de Charance. Au fond la montagne de Bure découpant son profil d’homme couché sur l’horizon. 

A propos de Géraldine Queyrel

Vend des rêves dans la vie réelle Rêve de fiction le reste du temps. Son blog : antepenultiemefr.