Sprite

J’ai vu des sprites rouges.

Je suis au beau milieu d’une place, chaleur crevante, lampadaires absurdes de formes, nuit opaque, silence effrayant, yeux injectés, j’inspire, j’expire, ma gorge me gratte. Après rien, le ciel vient de m’offrir violence. Le bruit des voitures au loin est cyclique, le périph n’est pas loin. Je debout, allongée, elle. Les bâtiments autour : yeux témoins. Pierre IV, complice, avance. La mosaïque au sol se colore et je veux m’y baigner. Bouche désobéissante se gorge de délice, une dent à céder. Au bout du bras, à l’opposé de l’épaule, et bien accrochés à la main, les dix doigts se décrispent : cinq ou six claquements causés par le choc entre ce qui tombe et ce qui ne tombe pas.

Je ne sais pas où sont passés les sprites. Trop courts. Ciel sans eux.

Chaleur crevante, toujours. Je marche, m’éloigne. Ville vide, blocs pleins, tête creuse.