Paris côté ouest

précédent _ suivantNon, je ne suis pas revenu à Cergy. Ça se fera peut-être, mais plus tard : ces communautés très structurées comme une école d’art sont aussi très confinées, elles se referment après départ et c’est très bien. Je me souviens de ce sentiment de clandestinité la première fois que j’étais revenu à la villa Médicis, « en étranger », et de toute façon ça ne manque pas. Changer de taf tous les cinq ans ça devrait être une sorte d’hygiène, on doit repartir dans les trappes noires pour avancer. Non, plutôt (...)

À Saint-Michel en l’Herm, on la voyait passer en temps de moisson, de ferme en ferme. On lui faisait avaler ce qui avait été laissé à terre après la faucheuse lieuse. Le grain tombait par le côté, les bottes de paille sortaient à l’arrière. C’était un bruit et une poussière d’enfer, on s’y rendait comme au spectacle. Parfois forcé, parce que mon père en avait l’entretien, et que ça tombait en panne. Puis sont venues les moissonneuses-batteuses, qui font toutes ces fonctions ensemble, et la mécanique agricole (...)

C’était lors de la rencontre avec Valérie Godard, la litho-lamelleuse du labo sciences de la terre à Orsay, dans son atelier musée. Dans un coin, en plusieurs dépôt, des paquets assez considérables de ce qu’on nommait enveloppes par avion. C’était magique, et à recevoir, et à envoyer. À recevoir, parce que toujours lestées de timbres émis du pays lointain (l’expression aussi tend à s’évanouir). À envoyer, parce que le papier si léger et presque transparent incitait à la transparence intérieure, d’ailleurs on (...)

C’est le soir que les hypers se refont leur beauté rien que pour eux-mêmes.

Dans ce livre Proust est une fiction qui a été si important pour moi à écrire, et un voyage de nécessité d’abord intérieure, avant que la vie se refasse autrement, je m’étais arrêté sur cette phrase où Proust dit : Dostoïevski est un grand inventeur de maisons. Tout d’un coup j’avais compris quelque chose aussi à Proust, et, bien en amont, à Dickens, Balzac, Simenon et d’autres. Depuis elle m’habite en permanence, cette phrase alors que pourtant je suis sur des chemins qui n’exigent pas cette approche (pour (...)

La Réserve, de Stéphane Bernard, à Mantes-la-Jolie, pour moi ça n’aurait jamais pu être une librairie comme les autres. Lorsque mon 1er livre est paru, Sortie d’usine, aux éditions de Minuit, en 1982, c’est le premier à m’avoir invité.
Période faste, eu égard à la fadeur et à l’opacité d’aujourd’hui. Mantes, c’était les grands usines automobiles, dans la prospérité qui semblait ne jamais devoir finir. C’était Renault à Flins, Simca à Poissy, des villes poussées en plein champ, et dans lesquelles on avait (...)

précédent _ suivant Je suis sur un 25 000 signes pas facile, qui me prend beaucoup plus de temps que prévu. Mais je m’attelle : je n’avais pas eu d’hésitation à répondre à la commande, ça me ramenait sur le plateau de Saclay tellement arpenté tout l’hiver et printemps 2012 pour la résidence S-Cube et tant de rencontres qui restent aujourd’hui ancrées profond et à vif dans mon paysage du dedans. Reste qu’un texte il faut le conduire, et des fois ça glisse, ça patine. Il faut y ancrer des intensités, lâcher (...)