#40 jours #03 | à la recherche de Georges Sand

« Pourquoi voyager quand on n’y est pas forcé ?

C’est qu’il ne s’agit pas tant de voyager que de partir »

George Sand, Un hiver à Majorque,

Imaginer le périple… depuis Nohant... Je lis ceci sur internet : « Le 9 décembre 1833, George Sand et Alfred de Musset s’embarquent à Lyon sur un vapeur, pour descendre le Rhône, en partance pour l’Italie. A bord ils rencontrent Stendhal, qui rejoint son poste de Consul à Civita Vecchia. Ils cohabitent trois jours sur le fleuve et se séparent à Marseille : George Sand et Alfred de Musset poursuivent leur voyage par mer jusqu’à Gènes, tandis que Stendhal prend la voie de terre. Ce sont là les faits, l’objet et les limites de notre propos.George Sand a 29 ans ; elle est déjà connue et reconnue comme romancière. Elle a publié notamment « Rose et Blanche » en collaboration avec Jules Sandeau, sous le pseudonyme de Jules Sand, et « Indiana », sous celui de George Sand, qu’elle adopte définitivement. Elle collabore à la « Revue des deux Mondes ». Elle est mère de famille (deux enfants, Maurice, et Solange) ».

Maison de George Sand à Gargilesse

George Sand à Lyon, c’est à peu près irréel… je la croyais plutôt assignée à sa mare au diable dans une région qui ne manquait pas non plus de brouillard et de marigot. Je cherche sa trace sur google earth et ne trouve son nom que dans une allée récente du 7° arrondissement et à l’enseigne d’une crèche municipale dans le 3°. Pourquoi l’assigner à une crèche plutôt qu’à un établissement scolaire ? A une simple allée dans un quartier rénové vers la Halle Tony Garnier ? J’aimerais savoir, et c’est dans un courrier municipal que je trouve une ébauche de réponse pour la crèche, dans un style lapidaire. Il faut me croire sur parole. George Sand a vraiment fait un passage éclair dans l’agglomération, et on n’enseigne plus ses textes dans les écoles. Dans l’enfance elle m’avait fait faire des cauchemars. J’ai pourtant envie de la relire.

Gargilesse… c’est un village qui m’a séduite totalement. C’est là que Georges Sand a caché l’un de ses amoureux des racontars, dans une toute petite maison modeste où elle fabriquait des marionnettes et collectionnait les papillons nombreux dans ce trou de verdure, doté d’un micro climat. Elle y écrivait également… J’ai pensé à la chambre à soi de Virginia, comme un modèle à suivre loin des mondanités.

Nohant… en contraste, très décevant… grande maison bourgeoise sans charme extérieur, bruits de gravier, façades ternes, la verdure moins proche et sensuelle que celle de Gargilesse… Envie immédiate de faire demi-tour. Je n’ai pas voulu visiter. C’était la maison héritée de la grand-mère, où George Sand a reçu ses amis et amants.C’était une femme libre… et cela, je ne l’oublie pas.

Georges Sand, pas seulement un nom qui m’obsède.Des impressions de lecture que je voudrais retrouver. J’ai oublié cette histoire de parking et de consigne. Google Earth n’est pas ma tasse de thé. Un jour, un enfant est parti en Chine avec, il était passé par la rue où il habite et s’est retrouvé à Pékin. Depuis , on se méfie. Il n’a pas assez de cailloux blancs dans sa poche…

A propos de Marie-Thérèse Peyrin

L'entame des jours, est un chantier d'écriture que je mène depuis de nombreuses années. Je n'avais au départ aucune idée préconçue de la forme littéraire que je souhaitais lui donner : poésie ou prose, journal, récit ou roman... Je me suis mise à écrire au fil des mois sur plusieurs supports numériques ou papier. J'ai inclus, dans mes travaux la mise en place du blog de La Cause des Causeuses dès 2007, mais j'ai fréquenté internet et ses premiers forums de discussion en ligne dès fin 2004. J'avais l'intuition que le numérique et l 'écriture sur clavier allaient m'encourager à perfectionner ma pratique et m'ouvrir à des rencontres décisives. Je n'ai pas été déçue, et si je suis plus sélective avec les années, je garde le goût des découvertes inattendues et des promesses qu'elles recèlent encore. J'ai commencé à écrire alors que j'exerçais encore mon activité professionnelle à l'hôpital psy. dans une fonction d'encadrement infirmier, qui me pesait mais me passionnait autant que la lecture et la fréquentation d'oeuvres dont celle de Charles JULIET qui a sans doute déterminé le déclic de ma persévérance. Persévérance sans ambition aucune, mon sentiment étant qu'il ne faut pas "vouloir", le "vouloir pour pouvoir"... Ecrire pour se faire une place au soleil ou sous les projecteurs n'est pas mon propos. J'ai l'humilité d'affirmer que ne pas consacrer tout son temps à l'écriture, et seulement au moment de la retraite, est la marque d'une trajectoire d'écrivain.e ou de poète(sse) passablement tronquée. Je ne regrette rien. Ecrire est un métier, un "artisanat" disent certains, et j'aime observer autour de moi ceux et celles qui s'y consacrent, même à retardement. Ecrire c'est libérer du sentiment et des pensées embusqués, c'est permettre au corps de trouver ses mots et sa voix singulière. On ne le fait pas uniquement pour soi, on laisse venir les autres pour donner la réplique, à la manière des tremblements de "taire"... Soulever l'écorce ne me fait pas peur dans ce contexte. Ecrire ,c'est chercher comment le faire encore mieux... L'entame des jours, c'est le sentiment profond que ce qui est entamé ne peut pas être recommencé, il faut aller au bout du festin avec gourmandise et modération. Savourer le jour présent est un vieil adage, et il n'est pas sans fondement.

2 commentaires à propos de “#40 jours #03 | à la recherche de Georges Sand”

  1. Ben dis donc, Marie-Thérèse, je te dois deux cadeaux à quelques minutes d’intervalle. Même obsession de George Sand depuis l’enfance et Gargilesse pas encore visité. Merci.

    • Relisons-la ensemble ! Mon voyage à Gargilesse n’avait rien de fortuit, une amie comédienne y organisait un festival et avait des affinités avec des locaux. Mais je me souviens de mon impression très forte en visitant cette toute petite maison, d’aspect délabré (privatisée et probablement peu de moyen pour la mettre en valeur). J’y ai imaginé George Sand loin des mondanités, retournant presque à l’enfance dans sa chasse aux papillons. Une exposition sur place. Je suis ressortie de là avec la conviction qu’un lieu d’écriture a bénéfice à être relié à l’enfance ( de l’art ) autrement dit à l’aptitude à créer de ses mains, et pas seulement des divagations de l’esprit.