#40jours #10 | souvenirs incertains.

J’ai peu de souvenirs de cette statue de Jésus debout derrière la porte qui accueillait les visiteurs mais elle m’intriguait petite fille, pourquoi Jésus dans une famille qui ne nous avait pas baptisé ? sûrement l’originalité du geste, la folie de l’accueil, peu de souvenirs aussi du grand jardin dans lequel trônait une sorte de charrette que je ne saurai décrire ce matin, ou des arbres ou de la dimension du jardin, je n’ai pas souvenir non plus de la chambre dans laquelle j’avais découvert une de mes petites soeurs à peine née et qui ne bougeait plus et du cri de ma mère entendu, juste après, un vague souvenir de nous avoir poussé à aller courir prendre le bus qui arrivait pour une école dont je ne me souviens plus. Peu de souvenirs d’une enfance heureuse ni à cet endroit ni à d’autres, mais l’enfance est bien loin et c’est bien, aucun souvenir d’avoir skié dans cette région mais des photos le prouvent, peu de souvenirs de cette maison dans laquelle on habitait sauf qu’elle était grande et un peu effrayante, peu de souvenirs, mais que des sensations floues et pas très agréables, j’en reste donc là.

A propos de Clarence Massiani

J'entre au théâtre dès l'adolescence afin de me donner la parole et dire celle des autres. Je m'aventure au cinéma et à la télévision puis explore l'art de la narration et du collectage de la parole- Depuis 25 ans, je donne corps et voix à tous ces mots à travers des performances, spectacles et écritures littéraires. Publie dans la revue Nectart N°11 en juin 2020 : "l'art de collecter la parole et de rendre visible les invisibles" voir : Cairn, Nectart et son site clarencemassiani.com.

4 commentaires à propos de “#40jours #10 | souvenirs incertains.”

  1. « aucun souvenir mais des photos le prouvent « . cette distorsion mémoire/ traces images. Images qui comblent l’oubli ou qui nous font de faux vrais souvenirs. Merci Clarence

  2.  » sauf qu’elle était grande et un peu effrayante »… pièces de puzzle dont on aurait égaré le modèle, et même les pièces du bord, les angles, pierres de voûte du souvenir vivant. Les images incompréhensibles qui se légendent beaucoup plus tard dans une certaine tristesse. Merci pour ce texte Clarence.