#40j – #7 descendre aux enfers

L’escalier de la cave sent le salpêtre et la moisissure. Ses marches sont branlantes ; dans la semi-obscurité, je tâtonne pour les repérer. Je m’appuie sur le mur humide. Au dehors, des détonations, des cris. Je me hâte pour me mettre à l’abri. Une lampe oscille au plafond de la pièce encombrée d’objets oubliés. Je bute sur un tas de charbon. Je tombe. Une sorte de toboggan m’entraîne. C’est une descente folle. La voiture s’emballe autour de la spirale de la rampe, les pneus crissent, les parois courbes m’enveloppent de béton sale. Niveaux 1, 2, 3… 8, c’est la fin de la course. Je respire. Derrière moi, une lourde porte d’acier se referme sans bruit. Un silence intense, inquiétant. Devant moi, un couloir gigantesque dévale en pente douce vers un ailleurs. Au dessus de moi, des millions de mètres cubes d’eau, je marche sous le barrage de Serre-Ponçon, il pourrait se fendre, m’ensevelir, m’engloutir. Effrayée, je cours à la recherche de ma voiture. Quel est son emplacement ? Je tourne en rond, je m’égare. L’éclairage est nul, ma lampe-torche refuse de s’allumer. Le sol est glissant. Odeurs de crasse et d’urine. Derrière moi, des pas lourds, réguliers, des pas qui se rapprochent, qui sont à ma hauteur, si proches, je crois entendre la respiration de l’homme, haletante, il va m’agresser, je devine sa transpiration, il sue. Je pourrais courir, je suis figée sur place, j’attends l’inévitable, j’attends, l’homme me dépasse, son pas est régulier, ferme, paisible. Ma voiture enfin. Je m’y engouffre, je la verrouille. Sans succès. Me voici installée d’autorité par un jeune homme dans une voiturette, son fauteuil me rappelle Frankenstein. Le manège démarre en trombe. Impression de filer au fin fond de la terre. Un dragon menaçant apparaît, une dame blanche s’illumine, un homme me menace de sa tronçonneuse. Je hurle. Jamais ne s’arrêtera cette descente aux enfers du train fantôme. Enfin la lumière du jour. Le jeune homme m’aide à me détacher, me sourit. Moi, je ne souris pas. Je veux fuir ces vertiges dus à la vitesse, au trop sombre, au trop bizarre, à la peur irrationnelle, je veux rentrer chez moi.

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