#40jours #12 | disjoindre la ville

Tubulure 42 peinte verte scellée sur béton lissé non enduit avec éclats manquants détachés par lunules mais tu descends tu as tes sacs tu ne touches pas, peut-être en remontant tu t’y accroches mais remontant tu aurais seulement attendu l’ascenseur et derrière si longtemps ce vide et maintenant l’immeuble des bureaux qu’ils n’arrivent pas à vendre, la tubulure cesse puis reprend on peut ne pas compter les étages mais juste où s’incurve en tournant la tubulure. Et ces bacs jardinières non mais le type à sa table de dessin il y croyait avec plantes qui pousseraient dans les gravillons elle est morte de longtemps ta plante mon gars on ne s’est même pas donné la peine de l’enlever, nourrie de mégots où il n’y aurait pas à chacun de ces bacs la tentation des mégots et penser que pour se pencher sur les poubelles de l’arrière du Kyriad cinq étages en dessous trois feuilles vertes pourtant s’obstinent, une allégorie tu crois. Parfois à l’étranger tu les photographies les colonnes d’eau, en Amérique ou au Québec (qui est l’Amérique aussi)  elles sont plus majestueuses et de l’inox à s’y refléter dedans pourquoi ici tu t’en occuperais il faut ces clés spéciales que les pompiers trimballent à leur ceinture et juste cette double chaîne comme leurs bijoux de famille pas eu vent jamais d’un incendie là-dedans. La poignée bien forcée de s’en saisir la porte implacablement verte de ce qui ne détruira jamais et le rebord de métal vaguement poli qui prendrait ici précaution on ne veut que passer vite on est encombré. Je m’en souviens bien de quand, partout dans le pays, les poubelles ont eu l’injonction de se faire transparentes plus une ébauche de tri, ah oui si ici tu tries le monde est sauvé (bien sûr te le fais quand même, d’ailleurs on ne laisse plus ses canettes ou emballages dans le train on les descend avec soi. Je m’en souviens aussi de comment pour composter on devait retourner son billet dans les quatre sens et que ça ne marchait pas pour autant puis très progressivement non, très progressivement ne plus composter, très progressivement ils ne servent plus à rien les composteurs, tu n’imagines plus comment quelqu’un encore aurait à composter sans t’arrêter tu prends ton téléphone dans ta poche, empreinte du pouce puis glissement, SNCF Connect et comment ils nous traitent dans cette informatique-là juste savoir numéro de voiture numéro de place et rejoindre sa bulle sans plus aucun objet (sinon, oui sinon câbles sinon écran, sinon sac) ça s’est arrangé de cette façon-là ça s’est arrangé tu crois.

A propos de François Bon

Site géré par Tiers Livre Éditeur, fondé par François Bon, ISSN 2266-3010. Tous les textes restent la propriété de leurs auteurs, qui peuvent les supprimer ou modifier sans préalable. L'administrateur du site se réservant le droit de passer en mode privé toute contribution ne respectant pas les règles de bienveillance élémentaires dans une telle plateforme collective.

2 commentaires à propos de “#40jours #12 | disjoindre la ville”