#40jours-23-tout-droit | fuir le réel

J’avance droit je passe route je m’arrête je passe mur je suis dans mur c’est à dire nulle part je franchis pièce sombre éclairée par une lanterne en hauteur électrique avec étagères remplies de gros livres et grande amphore sombre en bas franchis mur sous les arcades du cloître fantaisie géométrique je tourne sur moi même je traverse le jardin bousculant buissons et un monsieur qui lit debout je le franchis il est rouge de colère ou d’émotion je prends ce rouge bouillant on me court comme sur des rails sous un autre versant du cloître que je n’aime pas proche des vitres moches je traverse la vitre qui pousse un cri sauvage je la franchis nettement se transforme en bruit de glaces magiques je passe dessus de grandes pierres avec pentes marbrées puis un mur stoppe mon élan et me fait pleurer et une petite cour où deux jeunes fument une cigarette je parcours les pavés passe dans une pièce cuisine avec un type qui pèle ses oignons en chantant une vieille chanson que je ne connais pas il a l’air pleinement détendu je passe vite par la fenêtre qui donne sur une autre cour carrée petite vide qui donne le vertige vers le haut je débouche dans un hall d’escalier rectangle où cinq femmes montent l’escalier un air extrêmement triste une pleure elle me regarde et redouble ses larmes je fuis par une porte fermée le bois me fait mal mais j’aime cette consistance je me trouve dans un hall d’appartement que je traverse passant à côté des grandes et petites bottes de pluie cuisine où toute une famille mange tous avec des habits de soirée même les enfants et ça crie une ado hurle de rire en me voyant et la mère fulmine je passe comme une ombre dans la pièce suivante où une fenêtre est ouverte et je prends par surprise un lézard que je touche et qui panique comme si on se dévorait je passe le lambri du fond un couple dans un lit serré l’un contre l’autre yeux ouverts il me voit et reste vide de moi dans son regard puis murs très épais et dans une obscurité de livres seuls je fonce et débouche dans une petite rue quelques hommes l’occupent attablés et joyeux regardant la télé qui est sur le trottoir ils regardent un film de Mélies je me retourne pour regarder je marche à l’envers et regarde les montages du prestidigitateur de Mélies je m’enfonce dans les murs qui m’engouffrent et je vois un cadre où deux gamins sont en train de pêcher costume à l’ancienne et paniers plus je recule moins je distingue leurs silhouettes puis je sens un mur profond qui m’absorbe et je vois un garçon dont je coupe la route vers l’escalier surpris il me suit je trébuche dans un corps hurlement déclenché me fait valdinguer et je vois une jeune femme le visage soudain étiré et grimaçant les yeux couverts de peur je m’excuse et repart face avant sans plus regarder en arrière traverse un dos dans des toilettes puis une porte un chien à grandes oreilles assis devant à côté d’un radiateur débouche sur un hall d’immeuble circulaire puis rue vide puis murs épais pierreux puis enclavé entre deux murs d’église un prêtre assis en train de boire de l’eau bénite puis je monte sur la chaire puis vole à la chaire suivante comme le christ puis traverse l’ensemble des murs avec de multiples sensations toutes très jolies puis la longue rue silencieuse avec le visage d’une femme aux petits yeux avec un grand sourire que je traverse la rue est vide.

A propos de Emmanuel Courtieu

amateur de cinéma d'abord, théâtre ensuite de danse, de littérature de tout temps.

2 commentaires à propos de “#40jours-23-tout-droit | fuir le réel”