#40jours #31 | rien du ciel

on avait pris la route vieille, on avançait dans la nuit muette — la chaleur frôlait les buissons — on ne devinait rien du ciel, tout baignait dans une même obscurité — on ne voyait pas les ravins sur les bords mais il y avait quand même le vertige — on ne voyait pas les arbres déracinés ni les rivières — on avait l’impression de forcer la nuit de la soulever comme on soulève un poids mort — la route découvrait ses courbes — les herbes s’arrachaient à la nuit — l’amorce d’un monde — mais on fixait seulement la ligne — on ne sortait pas de la route — la nuit dressait ses murs silencieux, se resserrait autour, à peine retenue par les phares — on enchainait calmement les virages — c’était comme un rêve très lent — dans la nuit épaisse l’odeur du vent faisait remonter des souvenirs — on s’attendait à voir surgir des bêtes sauvages, elles traverseraient l’asphalte leurs pupilles dilatées dans les phares — ou des oiseaux — ou des visages immenses — on finirait par entendre des voix 

A propos de Caroline Diaz

Née un 1er janvier à Alger, enfant voyageuse malgré moi. Formée à la couleur et au motif, plusieurs participations à la revue D’ici là. Je commence à écrire en 2018 en menant un travail à partir de photographies de mon père disparu, aujourd'hui c'est un livre, Comanche. https://lesheurescreuses.net/

8 commentaires à propos de “#40jours #31 | rien du ciel”

  1. Lent et inexorable travelling, duquel n’est pas absente l’intranquillité.
    Merci Caroline !

  2. Vu la vidéo d’abord, puis lu le texte après. C’est tellement ça, apréhension, suspens, mille dangers qui guettent ! ( me rappelle un voyage en Sicile dans des conditions semblables ). Merci, Caroline !

  3. Une tension, des mots pour la nuit et ses espaces redéfinis, indéfinis. errance délicieuse et en même temps inquiétante. merci de ce partage.