Sa façon de transformer le peu en grâce
une légèreté
quelque chose qu’on ne sait pas nommer
des gestes mesurés
le tissu qui sait l’histoire des épaules
les marches comptées
donner au peu
la taille exacte
d’une grâce
il faut les faire tenir dans la même phrase
l’éclat d’un verre fêlé qui attrape le soleil
mieux que les autres
le menton qui ne cède pas
la pauvreté était déjà une forme
et le reste n’était qu’une question de lumière
un don
Je me demande que faire d’un souvenir qui n’est pas tout à fait le mien
Voix 1
Est-ce qu’on le rend à celui qui l’a perdu ?
Voix 2
Pas tout à fait le mien, ça veut dire quoi ?
Voix 3
Il y a des souvenirs qui se glissent dans les rêves, vous réveillent en sueur.
Et le matin, vous croyez qu’ils sont à vous.
Tous
Une lumière à la marge un corps absent un visage effacé une voix emportée
Voix 1
Que faire ? Le nommer ? L’habiter, malgré tout ?
Voix 2
Je me demande — un souvenir… qui invente ?
Voix 3
Et si ce souvenir je l’avais porté plus longtemps que toi-même ? Alors… est-ce qu’il ne serait pas devenu mien ?
Tous
Ce n’est pas à elle, mais elle en est l’ombre, la voix en creux.
Voix 2
Je me demande — que faire d’un souvenir qui ne porte pas son nom ?
Voix 1
On peut vivre avec.
Voix 3
Peut-être est-il un éclat prêté à la nuit, une force fragile qui habite l’oubli.
Tous
Ce n’est pas à elle, mais c’est par elle que cela respire
Tous, murmurant
Le souvenir n’est pas un trésor, peut être un territoire en suspens.
Une frontière mouvante entre soi et l’autre.
Habiter la frontière, être à la fois le fantôme et le vivant, la mémoire et son oubli.
oui, vraiment l’enjeu de cette proposition…
ça valait donc la peine que j’écoute trois fois la consigne, ahah ! merci pour ces explorations…
Très réussi ! Bravo !
Je peux rester longtemps à méditer sur une seule phrase !
Merci !
Je partage l’enthousiasme. Merci
« le tissu qui sait l’histoire des épaules »
« Je me demande — que faire d’un souvenir qui ne porte pas son nom ? »
et avancer toujours plus en dedans
magnifique, le dépli du souvenir à travers les voix, je note comme Nathalie H : « Je me demande — que faire d’un souvenir qui ne porte pas son nom ? »
et l’idée du choeur qui est toutes les voix et qui leur répond