vers un écrire/film #01 | vingt-quatre images

bonjour ! toutes les sortes de possibilités sont avérées avec quelque consigne que ce soit : je me suis dit "une heure ?" et puis "c'est bien trop long" - j'ai pensé au travail entrepris par une collaboratrice de l'AiR Nu (une journée dans la vie d'A.) - j'ai pensé à ce titre d'écriture/film, cette façon d'écrire un scénario, écriture n'étant destinée qu'à rien sinon une traduction (disons) en images -  j'ai pensé à cette heure, entre trois et quatre, tous les matins - celle des insomniaques, et des lecteur.es - "quelle heure est-il, quel temps fait-il" disait le poète - et puis finalement, non, j'en reste là - il y a cette idée d'illustration - ce sont des prolégomènes, une journée particulière, quelque chose de personnel, décousu comme peuvent l'être nos journées peut-être...

une seconde c’est ce qu’on peut encore décrire à la rigueur – pendant ce temps-là, ce laps de temps incommensurable, vingt-quatre images défilent – on est assis dans un fauteuil rouge, on a enlevé son manteau, il fait froid peut-être bien dehors – j’avais une amie dont la thèse avait pour objet la salle de cinéma – un moment d’égarement sans doute, je ne me souviens plus – c’est loin, tout est loin – puisque je sais pertinemment que des images flottent tellement dans mes parages j’en ai pris vingt quatre, une espèce de hasard, ici un mème (avec mes excuses à STGME2)

je ne suis pas complètement certain que ce soit amusant ou drôle, mais ça a quelque chose de contemporain – cruel et salaud, ce contemporain-là – c’est juste pour écrire, tenter quelque chose, essayer de voir en quoi, comment et où – ce sont des images qui me viennent d’explorations parfois, de recherche plus ou moins de tentatives d’apprentissage (quelque chose sur le bureau – une espèce de collection)

elles sont datées, presque une année (puisque c’est le temps des vœux – c’est tellement con, les vœux hein – une façon de dire qu’on fait attention aux autres, c’est tellement con de nos jours) – la Turquie –

on voit au reflet Fariba, emprisonnée depuis des années on n’oublie pas – c’est un cadeau de nouvel an de sa part – je le replace je la remercie encore, l’écriture zappée, faire apparaître des sujets de préoccupation, un film, on verra s’il en est un, un billet de blog une heure dans la vie de quelqu’un – quelques minutes à regarder passer le monde

le passe-temps du retraité je suppose (je n’y suis pas encore et ça ne risque pas de venir tout de suite) (topique merdique mise à mal par les immondes qui nous gouvernent) il y avait ces images aussi, venues on ne sait d’où

la légende (c’est un sous-titre) vaut le détour – ça se passe sur Mars ou quoi que ce soit d’autre – rapprochement d’un de ces groupes desquels il faut (ou on doit) faire partie sous peine d’inexistence crasse, de manquement à un modernisme échevelé, le notre : est-on dépassé ? il y a, et il y aura toujours et la musique au minimum, et l’écriture – IRL – DL2V – fuck off en anglo-étazunien – ce type d’image

ou cet autre (induss fatalement) (comme les clopos)

horizon indéfini – l’avenir en couleurs – sans doute faut-il croire en (ou à) quelque chose, sous peine de quoi ? l’écriture en deux fenêtres (ces mots n’ont plus de sens), écrire se faire connaître, se montrer dans un plus simple appareil (ici une image du bureau

intitulée 2022 01 11 10 52 21 – à la seconde près, on en a vraiment quelque chose à faire ? – qui peut savoir…? – c’est pour ça – ici le coin de la rue du Bac et de Verneuil, un atelier précédent

il est sur le bureau un dossier (comme ici celui sur lequel s’appuie cette rousse en chignon) intitulé 24 images qui sert à l’élaboration de ce travail disons – appelons le travail ça vous pose un peu plus de sérieux, un peu plus de torture aussi bien – il nous faut bien croire en quelque chose : par exemple cette image-là, la fis-je ?

la pris-je, la cadrai-je ? il y a toujours eu cette superstition qui se permet, s’oblige, aux choses d’attacher des sens, des signes, les poisson cinq main ouverte et autres cendres verre d’eau marques au front – tant de choses certainement qui composent une espèce de passé – la gloire aussi bien

c’était un type à la main trop leste, il a crevé certes, il avait un habit vert immortel (tu le crois ou pas, c’est comme tu veux) – comme passe le temps (j’ai aimé, beaucoup l’image suivante, prise sans vraiment le savoir, quelque part chez cette cinéaste, une espèce de cinéma vérité

la blonde droite cadre en bas interprétée par Corinne Marchand – Cléo- wiki m’informe qu’elle est toujours parmi nous, née un 4 décembre – es-tu au courant (on dit au jus c’est plus moderne up to date jeune & con) qu’on tait les années de naissance des femmes ? il en est aussi ainsi de leur âge – taisons – un de ses contemporains parti sans doute trop vite (mais il n’aimait pas tant que ça avancer en âge, il en avait horreur) (un écrivain diplomate, une façon de marcher je suppose)

je n’ai pas cherché à procéder à un tri, j’ai pris dans une espèce de hasard dans le dossier qui comporte aujourd’hui 754 éléments, vingt-quatre choses

une sorte de bégaiement – dont ce numéro

celui de la rue du Bac où se sont déroulés les faits qui précèdent – et finalement c’est aussi bien – ça pose des choses qui passent, ça les plaque : c’est la photo qui veut ça sûrement – se souvenir (ne se souvenir que) des belles choses – ici le frère d’une éminence, il sourit

cette éminence-là, est-ce un sultan, on ne la connaît (peut-être) que par ses initiales anagrammiques ou anagrammesques (le truc souligne, tu sais comment c’est) (son frère donc) fait des guerres, pour ce faire achète des armes au troisième producteur mondial (entre autres, c’est vrai), organise des assassinats en Turquie, un type est torturé puis coupé en morceaux, le tort d’être journaliste sans doute, et puis ses restes sont dissous dans la chaux vive – ça n’a rien de tellement particulier, dans ce monde : ce monde-là, le notre – enfin tout le kit, on ne va pas commencer à s’appesantir sur ce genre de pratiques tellement humaines – et puis une image

c’est à vous ces beaux yeux-là ? (le port du havre, pépé le moko juste avant pour le héros qui se prénomme Jean, ainsi que IRL, quant à Nelly DL2V c’est Michèle (enfin c’était Simone Roussel mais c’est du cinéma) – non l’inverse (les noms et les prénoms des personnages, le(s) Julien, le(s) Lucien, les madame de – ce film de Max Ophüls, ces choses-là qui se remémorent en allant, en écrivant, soutenues par les images, fixes, des photos des dessins des graphiques des mèmes (l’affiche du film ci-dessus, il n’existe qu’elle) comment dire, tout est vrai ?

les années quatre-vingt – bonjour tout le monde – ou les années quatre-vingt dix, j’aime assez savoir que le magasin où mon grand père vendait du fil de fer ou des machines agricoles, ou des outils, une quincaillerie spécialisée sans doute, il l’avait intitulé Juvénal, ça avait alors un goût parfaitement étrange, ça n’avait aucun sens ça ne référait à rien, il n’était pas question d’y voir ou d’y lire, d’y entendre un prénom, encore moins un poète, tellement loin, juste après guerre – j’ai oublié tu sais, j’ai vraiment beaucoup oublié et c’est aussi tant mieux –

ce sont surtout les bottines qui me font souvenir de celles que portaient ces gens-là, à cette époque-là (ça faisait attention à sa personne) (il y avait, à ce moment-là de l’année dernière, l’ambition (toujours présente) de réaliser quelque chose – c’est pour ça, la dernière photo – au sujet de ces gens-là, de cette époque-là – les années cinquante, les yéyés, cette chanson de Gainsbourg

de nos jours, les maxs, joli

les poses qu’iels adoptent (on est bien obligés de tenir compte de la modernité) – le pied en avant des deux faire-valoir, de chacun des côtés de l’autocrate, footballeur, âgé, sénile peut-être – qui sait ? attends quel âge tape-t-il le rte à ton idée ? – 26 février cinquante quatre – foutre, je suis plus vieux que lui – celui à sa droite avance le pied droit, celle de sa gauche le gauche, on sourit et on entoure son altesse aux épaules affaissées – si je vivais dans ce pays, j’aurais droit à la prison – le style des deux fauteuils – quelque chose de l’or et de la soie :il n’y en a que deux… – tenir compte du contexte, faire en sorte de dire quelque chose de soi tout en établissant une relation avec les autres, évoquer des souvenirs

vendredi soir, le retour en 63 après le dîner et l’émission télévisée – souvent j’édulcore, dire encore la difficulté de vieillir ou d’être, tout simplement – l’évocation du froid aux os qui vous prend avec le temps (une chanson qui ne me plaît pas – la reprise de Dalida sans doute, ce sont ces années-là) – ça n’est pas douteux, un long travail entrepris, mais un film à ce sujet, allons donc – mais cette image quand même (avant dernière, sans relation)

Harvest, certainement – mais avant encore – l’enfance sûrement aussi, mais de ce côté-ci de la mer – est-ce que ça tient vraiment ? je me demande

ce type-là, qui se penche, qui doit avoir dans les quatre vingt-dix piges – formidable coïncidence c’est son anniversaire aujourd’hui – quatre-vingt quatorze quand même – ce genre de joie – peu importe c’est vrai, il y avait cette lettre qui m’est revenue « inconnu à l’adresse indiquée » – non, c’est amusant – Daniel Filippachi – les auspices, est-ce ainsi que se font les choses ? on verra, sans doute…

A propos de Piero Cohen-Hadria

(c'est plus facile avec les liens) la bio ça peut-être là : https://www.tierslivre.net/revue/spip.php?article625#nb10 et le site plutôt là : https://www.pendantleweekend.net/ les (*) réfèrent à des entrées (ou étiquettes) du blog pendant le week-end

11 commentaires à propos de “vers un écrire/film #01 | vingt-quatre images”

  1. Epatant ce choix de diaporama ! Merci ! Un festival de références à chevaucher comme sur Pégase.

    une façon de dire qu’on fait attention aux autres, c’est tellement con de nos jours) –les poses qu’iels adoptent (on est bien obligés de tenir compte de la modernité) – le pied en avant des deux faire-valoir, de chacun des côtés de l’autocrate
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    ce sont surtout les bottines qui me font souvenir
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    ce type-là, qui se penche, qui doit avoir dans les quatre vingt-dix piges – formidable coïncidence c’est son anniversaire aujourd’hui – quatre-vingt quatorze quand même – ce genre de joie – peu importe
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    le passe-temps du retraité je suppose (je n’y suis pas encore et ça ne risque pas devenir tout de suite) (topique merdique mise à mal par les immondes qui nous gouvernent)

    AD LIBITUM ça enchante l’esprit en travail

  2. Super ! Aussi bien les photos que les textes, petits films/filtres/gros plans. Drôlement bien réussi !

  3. « il y a cette idée d’illustration – ce sont des prolégomènes, une journée particulière, quelque chose de personnel, décousu comme peuvent l’être nos journées peut-être… quelques minutes à regarder passer le monde …( Cliquez et faites glisser pour regarder autour de vous) — j’ai oublié tu sais, j’ai vraiment beaucoup oublié et c’est aussi tant mieux …
    Puzzle avec harmonica. En temps et en une heure (ou pas). Oui ça passe, ici le monde Piero

  4. oui, il suffit de s’y mettre et alors cet éventail de 24 images prend sens, et toujours ce regard amusé sur le monde comme il va (pas)