#_04 outils du roman | ton dur vs ton doux ? un ton sur deux, je n’ai pas trouvé l’autre

La jeune fille est seule, assise sur le lit de la chambre d’hôtel. Elle a le regard perdu face à une fenêtre, les yeux rivés vers le ciel, cherchant dans les nuages la confirmation qu’elle a fait le bon choix. Elle n’a pas souhaité l’accompagner à l’extérieur. Elle avait besoin de se poser, de réfléchir, de ralentir toutes ces pensées. Les idées viennent et l’inquiètent. Elle a tout quitté. Elle a sauté dans le vide sans filet, et maintenant, elle doute, elle a peur.

Il est impossible de faire marche arrière, impossible d’affronter les regards qui se feront réprobateurs ou fuyants, les jugements silencieux qui tonneront si elle rentrait. Elle passe ses mains sur le visage, les pose sous le menton. Elle reste face aux nuages. Il y a du vent, les nuages filent dans le ciel. Elle crie à l’intérieur, aucun son ne se fracasse contre les murs ou contre la vitre, aucun son ne remplit l’espace. Rien ne la ramène à elle. Elle s’appuie sur le vide qui l’entoure et tangue.

Dehors, la lumière blafarde est une lumière d’hiver qui éclaire mal. Rien ne brille tout est terne. On voit presque en noir et blanc. Elle préfèrerait l’obscurité à cette lumière grise triste à en pleurer. Dans le noir, elle entendrait peut-être mieux ce qu’elle doit faire de cette liberté nouvelle. Elle a le vertige.

Une enseigne lumineuse déréglée clignote sur la façade de l’hôtel, elle entend le grésillement des tubes néon. Un léger halo de couleur bleue flotte dans la pièce, il lui faudra tirer les rideaux cette nuit. Elle ne trouvera pas le sommeil, elle le sait, elle fera semblant de dormir.

Un bruit de clé dans la porte. L’homme pose avec quelques victuailles et des cigarettes sur le petit bureau. Elle espère qu’il ne fumera pas trop dans la chambre. Elle n’osera pas lui demander de sortir. Il fait si froid à l’extérieur.

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