A propos de Helene Gosselin

Un peu de sociologie de l'imaginaire, quelques années de journalisme à Montpellier. Mise au vert en Lozère. Venue ici par un heureux concours de circonstances. M'y accroche. Dévide, fouille, cherche sous les doigts.

carnets individuels| Hélène Gosselin

#33 Revêtir son manteau d’absence et dilater le temps. #32 Il a avalé mes larmes, toutes, rendu intangible le vrai. Il s’est défilé au monde et je ne veux plus l’entendre. Sa mort pour de vrai pour de bon une fois pour toute. Je l’ai fait taire de force. Les morts doivent le rester sinon la plaie suinte toujours. J’ai Continuer la lecturecarnets individuels| Hélène Gosselin

#carnets #prologue | L’épars est la règle

L’un des premiers n’est pas un carnet. Un classeur plus large que long, plus épais que rempli. Large oui pour la petite écriture qu’il contient encore, solide comme une boîte, le dos bien droit, rigide, coque à placer face au vent, pour mise à l’abri immédiate. Les deux couvertures, dépassant amplement le bord des pages, se closent en bouche pincée, Continuer la lecture#carnets #prologue | L’épars est la règle

#40 jours #perdu. Au-delà des phares

Même quand je roule la nuit, j’aime prendre les routes secondaires. L’autoroute m’ennuie terriblement, vitesse glissée entre rails de sécurité, échappatoires parcimonieux. Au-delà de la lumière des phares, dans l’obscurité, sur mes petites routes, je sais le champ, les rangées de cyprès, je sais le petit cours d’eau, la maison seule, là-bas, dont je distingue tremblant le réverbère entre les Continuer la lecture#40 jours #perdu. Au-delà des phares

#40 jours #10. Je ne me souviens pas de mon ombre

Je ne me souviens que très peu de mon ombre à l’âge de15 ans. Plongeante sous mes pieds de lycéenne juchée sur un muret. Mes pieds qui se balancent au bout de mon corps. Je ne me souviens qu’à peine de mon ombre étudiante perchée sur les remparts du fort Vauban. Un détail, à peine, dans l’ombre des pas des Continuer la lecture#40 jours #10. Je ne me souviens pas de mon ombre

#40 jours. #09 Portraits effleurés

Elle pense dur comme fer qu’elle n’en a plus pour longtemps. Alors dans sa tête deux élans s’entrechoquent : profiter de chaque jour et préparer ses enfants à son départ, le mieux possible. Son mari, lui, ne veut plus en entendre parler. Cela fait trois ans déjà qu’elle doit mourir bientôt. Elle met de l’argent de côté, puis s’achète sur un Continuer la lecture#40 jours. #09 Portraits effleurés

#40 jours. #08. Limites périphériques

La Mosson. La Mosson c’est le nom d’une rivière, mais on l’oublie vite. Arrêt de tramway grand format. Sous une tonnelle métallique. Au moins ici ils ont pensé au soleil cuisant de l’été. Quatre rangées de rails séparées par un terre-plein et des glissières métalliques. Quelques bancs modernes et sommaires pour poser ses fesses, mais pas s’alanguir. Tout est de Continuer la lecture#40 jours. #08. Limites périphériques

#40 jours. #17 Disponibles

Elle a enlevé ses chaussures sous la minuscule tablette. L’hiver elle met ses pantoufles. De toute façon personne ne voit jamais ses pieds, elle pourrait bien ne pas en avoir ce serait du pareil au même. Elle a à peine la place pour se tourner dans cette bulle de plexi arrondie, équipée de trois trous pour renseigner ceux qui viennent. Continuer la lecture#40 jours. #17 Disponibles

#40 jours #07. Le couloir des empaillés

Devant la maison, villa de quartier périphérique, dans un lotissement d’une quinzaine de maisons aux façades crépies de beige, aux toits de tuiles orange, le long de la route d’Arles, la troisième maison avant le fond de l’impasse de Bellegarde, juste là, sous la fenêtre de la cuisine, il y a un escalier. Un escalier pas très long, huit marches Continuer la lecture#40 jours #07. Le couloir des empaillés

#40 jours. #06. En Yougoslavie

Elle est partie sur le terrain. Il montre la carte épinglée sur le mur. Une zone délimitée en rose. Lui, c’est un ami de la famille, photojournaliste, motard, boiteux. Elle, c’est une jeune femme qu’on avait croisée chez lui quelques jours plus tôt. Le terrain, c’est la Yougoslavie. Je ne me souviens pas du reste de la conversation. Juste d’une Continuer la lecture#40 jours. #06. En Yougoslavie

#40 jours #05. Visite non guidée

Pénétration dans un salon, à droite à mi-hauteur, sur fond de mur blanc cassé, un cadre au bois patiné, un paysage dedans (combien de fois l’ai-je regardé et je ne m’en souviens pas), quatre fauteuils en osier recouverts de coussins matelassés à fleurs, dominante rouge et vert, autour d’une table basse rectangulaire, le tout posé sur un tapis aux teintes Continuer la lecture#40 jours #05. Visite non guidée