A propos de Helene Gosselin

Un peu de sociologie de l'imaginaire, quelques années de journalisme à Montpellier. Mise au vert en Lozère. Venue ici par un heureux concours de circonstances. M'y accroche. Dévide, fouille, cherche sous les doigts.

#40 jours #04. Pas sur les traits

Bitume. Noir granuleux entre les roues. Numéros peints. Entre deux lignes. Blanc sale. Seuil trottoir bordure grise retenant des blocs emboités. Pas vraiment rectangles. Plutôt en légère forme de S imbriqués. Bordure de nouveau. Limite avant goudron. Ancien celui-là. Flaques séchées de noirs plus récents par-dessus les nids de poule. Ciment gris râpeux, empreintes de pattes de chien, en creux. Continuer la lecture#40 jours #04. Pas sur les traits

#40jours #03 | où est-ce rue Billie Holiday ?

Rue Billie Holiday, Montpellier. Blocs d’immeubles bas, de trois étages, disposés autour de places de parking et d’un parc pour enfants. Des pins apportent un peu d’ombre. Il doit être tôt le matin, le parc est vide. Seul un homme est visible, se dirigeant vers une entrée d’immeuble, en blouson de cuir marron et jeans. Il semble qu’un masque soit Continuer la lecture#40jours #03 | où est-ce rue Billie Holiday ?

#40jours #01 | depuis là

Veinure bleu métallique. Reflets argentés à l’inclinaison, lecture du soleil. Un parmi. Là brille. Arêtes saillantes sur la pulpe. Glissé dans la poche. Chemin en pente raide. Enclos en contrebas. Champs de part et d’autre. Enclos en grillage doublé d’une enceinte. Quelques tâches entre les herbes. Des loups. Enclos en amont, rangés côte à côte. D’autres loups sous les frondaisons. Continuer la lecture#40jours #01 | depuis là

#40jours #02 | si j’y pense, il est 19h30.

Nîmes Novembre 1993 Combien d’étages là ? Depuis le 8ème d’en face, on en voit vers le bas et vers le haut. Pas l’énergie de compter. On commencerait par où, au rez-de-chaussée, y a-t-il des habitations ? des barreaux oui. Des barreaux vers la rue, des barreaux vers l’espace bordé de trottoir, parterre piétiné d’herbe rance. Il est 19h30 peut-être, par là. Continuer la lecture#40jours #02 | si j’y pense, il est 19h30.

hors-série #impératif | viens

Lève la main de ton visage, viens, regarde les oiseaux. Entend les arbres. Lèche le ciel qui n’est pourpre ici que de crépuscule. Ouvre tes poings, pose tes doigts sur la terre, enfonce-les doucement, sent chaque grain qui te prend, qui glisse autour, te fait une place. Ôte tes chaussures, marche sur les brins, les cailloux, les feuilles retroussées d’hiver, Continuer la lecturehors-série #impératif | viens

hors-série #impératif | comptez

Encore, encore ! Alignez les chiffres, additionnez, multipliez, empilez les corps, démembrez les familles, cloisonnez les étreintes, abolissez les adieux, effacez les noms. Les millions perdent tout visage. Comptez bien ! Comptez les masques, les doses, les aiguilles, les minutes d’aération, les mètres entre les peaux, entre les souffles de bouche à bouche l’espoir s’étouffe dans les plis de papier, comptez les Continuer la lecturehors-série #impératif | comptez

autobiographies #15 | dans la boîte

Une salle, cubique, et sur tout le pourtour, un rebord sur lequel reposent des boîtes, du format d’une boîte à chaussure, toutes identiques, percées d’un cercle et d’une lentille sur le devant. On y applique l’œil. Première boîte : Elle se voit : A quatre pattes, une brosse à dent à la main, elle frotte les joints entre les dalles du carrelage Continuer la lectureautobiographies #15 | dans la boîte

autobiographies #14 | impressions en exemplaire unique

Oui toutes les images disparaîtront les deux chevaux vertes guettées sur la route pour être le premier à pincer l’autre ce visage épouvanté, apparition d’albâtre sur toile noire, de Nicole Kidman dans Dogville la partie la plus haute du Pont du Gard où l’on pouvait émerger depuis les trouées dans le plafond de l’aqueduc, passer de l’étroite obscurité du tunnel Continuer la lectureautobiographies #14 | impressions en exemplaire unique

autobiographie #13 | sa peau

Elle. Cinquante ans à pincer les lèvres, à se capitonner de cartilages. Droite, elle y mettait un point d’honneur. La tête droite, tout en haut de son cou, trop haute pour que j’aille lui porter un baiser. Elle détestait ça les marques d’affection qui en disaient, elle détournait le visage, repoussait de la main, « Non non, laisse-moi tranquille ». Elle reprenait Continuer la lectureautobiographie #13 | sa peau

autobiographies #12 | entre posés/ex posés

Un lustre en osier en forme de fleur inversée avec des ourlets marron foncé. L’ampoule est encore dessus mais le filament rompu. Le pas de vis est à baïonnette. Deux couvre-lit orange vif à la surface grumeleuse pour des lits une place. Des franges sur les longueurs. Des paires de draps, blancs, à grosses fleurs roses aux feuilles vert tendre, Continuer la lectureautobiographies #12 | entre posés/ex posés