A propos de Pierre-Emmanuel Dubois

Je vis à Paris, et travaille en bibliothèque. Je peine à comprendre pourquoi j'écris et pourquoi c'est une évidence. J'arrête de penser, je respire. Disons que pour l'instant, je suis là.

#L6 | Nuit aveugle

La nuit est parfaitement aveugle. Résurgence du petit garçon qui sentait ses cheveux se hérisser quand il descendait au sous-sol, rempli de fantômes, d’esprits, de vampires, de goules, de monstre, de tout ce qui était consubstantiel à l’ombre, cet énorme Ça, cette présence informe, innommable et dangereuse. Il ne fallait pas allumer tout de suite, pour laisser le temps de Continuer la lecture#L6 | Nuit aveugle

#L5 | Ectoplasmes

1. La ville est maintenant derrière. Le taxi file sur la route cernée de champs, de bocage, de bosquets qui dissimulent les fermes et les hameaux isolés. Les acacias, les chênes, les charmes, les hêtres se confondent sous le ciel marine qui fonce les prés, ocre les champs, noircit les bois. Les corbeaux croassent, les grillons stridulent, la végétation exhale Continuer la lecture#L5 | Ectoplasmes

#P6 | Paradoxes du solo

Lundi : Matinée dans le TGV. Une fois que nous sommes installés, étrange sentiment de solitude au milieu de tous ces gens. Ce paradoxe, la solitude des grandes villes, la solitude des transports en commun, la solitude au sein de la famille. J’ai pourtant longtemps vécu seul, mais j’ai l’impression de ne pouvoir trouver la solitude que dans l’altérité. Dans mes Continuer la lecture#P6 | Paradoxes du solo

#P5 | Rouge

L’impulsion du cœur au meurtre, à prendre, à serrer, à broyer, des fourmillements dans tout le corps prêt, affûté, aiguisé, qui s’oublie tel qu’il est. Le vieux reptile enfoui qui projette tout entier dans une image. Émotions paléolithiques, raison moderne ; rien ne sort, tout reste et ronge Des tambours qui résonnent dans la cage à faire remonter la glotte jusque Continuer la lecture#P5 | Rouge

#L4 | dix, 10, X

Modifié tellement de fois, ne pas passer à côté de certaines choses trop importantes, s’interdire la posture. Ou quand on se rend compte que parler de la lecture peut être de l’ordre de la posture et donc de l’imposture, et qu’il faut gommer et creuser, creuser, creuser. D’Alain Fournier : les amours adolescentes, l’aventure, la Fête étrange, les couchés de soleil Continuer la lecture#L4 | dix, 10, X

#L3 | Pot de départ, moment de convivialité partagé entre collègues

Je vais quand même prendre des viennoiseries et du café, et envoyer un mail pour leur proposer de venir dans mon bureau partager « un moment de convivialité entre collègues, l’occasion de se dire au-revoir ». Ce n’est pas parce que je suis content de partir et de ne plus voir toutes ces têtes de con que je ne dois pas Continuer la lecture#L3 | Pot de départ, moment de convivialité partagé entre collègues

#P4 | J’avoue

Il fait ne pas très chaud, j’avoue. Oh, mais je ne vous accuse de rien ! Vous savez, je prévois toujours un gilet à cette saison, on ne sait jamais. Je ne veux pas vous donner l’impression de vous reprocher de ne pas nous avoir dit de prévoir aussi des vêtements un peu plus chauds, vous ne pouvez pas pensez à Continuer la lecture#P4 | J’avoue

#P3 | Sfax. Manger la ville

Brasser des idées, boire des paroles, manger des mots. La cantine. C’est depuis la cantine que j’ai visité Sfax, par l’intermédiaire d’Ahmed, qui m’a dit un jour être très impressionné par la capacité qu’ont les Français à parler d’autres plats que ceux qu’ils sont en train de manger. Comme si les plats de la cantine devenaient meilleurs à l’évocation du Continuer la lecture#P3 | Sfax. Manger la ville

#L2 | D’autres vies que la sienne

Sur le quai, quelques voyageurs s’éparpillent ; celui-là rentre chez lui tranquillement, retrouver sa femme et ses enfants, dîner tranquillement, regarder la télé tranquillement, et s’endormir devant, une autre va voir ses parents, qui commencent à vieillir, sa mère qui est tombée pour la deuxième fois en quelque mois et son père qui a de plus en plus de mal à Continuer la lecture#L2 | D’autres vies que la sienne

#P2 | Il y a un doudou octopodiforme rose Mounbatten devant la bibliothèque

Il y a un doudou, un poulpe rose en peluche, que quelqu’un a posé sur la devanture de la bibliothèque, un doudou tout seul, dont le rose est devenu gris, triste comme un vieux jouet rangé au grenier, devant la bibliothèque fermée, un doudou plus si doux, usé, usagé, qu’un usager a peut-être déposé en sortant de la bibliothèque, qui Continuer la lecture#P2 | Il y a un doudou octopodiforme rose Mounbatten devant la bibliothèque