#enfances #09 | Chambre passante

Depuis la porte d’accès de la chambre, les lits s’appuient le long d’une poutre brune sur la cloison de gauche. Les meubles tiennent à droite. Au centre, un tapis peut-être. La chambre, conçue pour deux enfants, est passée à l’étage et se dédouble. Deux lits bateaux, lits jumeaux. Deux armoires qui enserrent un secrétaire. Sous les lits, les tiroirs aux jouets. Les jours de bise, le lambris dont certains noeuds ont sauté, laisse passer le vent. La nuit d’hiver est froide. Les jours d’été réveillent l’odeur du vernis. Deux petites fenêtres carrées ponctuent le mur à l’entrée, d’où filtre peu de lumière. Le plafond est bas, le bois sombre, jour absent. A l’opposé, une seconde porte perce la paroi. Elle mène à la dernière chambre de l’appartement. Cul de sac. Mais deux portes, c’est assez pour faire une chambre passante, une chambre de passage. Les usagers en fluctueront au gré des changements familiaux. Le temps a ses méandres et les espaces sont mouvants. Dans la réminiscence, ils se diluent.

A propos de Stéphanie Buttay

L'écriture accompagne depuis toujours ma pratique du dessin et de la couture. Voire, elle les précède : création de livres d'artistes notamment avec l'ami poète Werner Lambersy. Représentée au Musée de la création Franche à Bègles et au Prieuré Saint Cosme pour le Livre pauvre, j'ai publié aux éditions du Carnet du dessert de lune et dans la revue Cabaret.

8 commentaires à propos de “#enfances #09 | Chambre passante”

  1. la sobriété m’emporte et m’entraîne dans la lecture souple et lente
    je m’y retrouve, comme un parallèle avec ma chambre aussi pour deux enfants
    merci pour ce doux moment
    résonne encore la dernière phrase « Dans la réminiscence, ils se diluent. »

  2. Merci pour la lecture, nos chambres pour deux sont communicantes ! C’est bien étrange ces re-visitations des lieux d’enfance… Bonne journée.

  3. Très fort ce dépouillement et la conclusion très belle.  » Le temps a ses méandres et les espaces sont mouvants. Dans la réminiscence, ils se diluent. » Merci.