Déréalisation : fragment

Etat notable des déréalisations : le monde en gonflements palpe tout le corps. Et les yeux au fond du crâne.

Sans prévenir. Les yeux. Soudain. Rétractés. Enfermant dans le crâne. Là. Dans le creux du crâne. Creux plein d’une mousse épaisse et cotonneuse. Une sensation de porosité. Tout autour il y a. Tout autour l’air devient poreux. Palpable. Véritable palpation des yeux. A la fois les yeux palpant et étant palpés. Le monde comme un trop plein. Les murs : des outres gondolantes. Tout triple de volume. De masse. La texture du monde s’épaissit.  Comme des têtes gonflant. Sans arrêt. A force de coups donnés du plat d’une baïonnette. Et la tête enfle. Enfle. Volonté de frapper soi-même pour faire sortir le. Sortir le. La sensation ne dégonfle pas. Rien ne dégonflera. Tout s’outre. En gondolement. Enflements se résorbant en autant de plus petits enflements déjà regonflant. Recherche du vide. Et pourtant : le vide est là. Cotonneux. Rembourré. Enflements gondolés. Mais il est là. Le vide tout autour. Le vide qui te submerge et te remplit et se fait de la même matière que ton corps. Ou ton corps de la même matière que le vide : outres dégonflant-regonflant. Rythme des déréalisés.

A propos de Nathanaël

Lapidaire (provisoirement) : étudiante en Lettres et Etudes théâtrales (pour le statut, c'est fait) ; a du mal à s'arracher à Rennes malgré ses études désormais sur Lyon (terres d'élection, fait) ; désir (profond) de retrouver une pratique régulière et rigoureuse de l'écriture après trois années d'obstacles.