vers un écrire/film #04.3 | songe reptilien

dans le rêve il est sur le ventre. Il rampe. Reptation plus ou moins lente suivant l’impulsion des orteils. Ventre à terre il rampe. Rampe et rêve. Ou rêvant rampe. Rampe en rêvant qu’il rêve qu’il rampe. C’est dans la terre d’un jardin. Il rampe. Impulsion qui part des orteils. Va aux genoux. Se cambre et se cabre. Pénis roulé entre les cuisses. Cambre le cul. Longs bras collés au tronc. Rampe. Ventre à terre. Va. Mange la poussière. De-ci-de-là. Va. Ventre à terre. Et grouillent les vers. Glisse sur la page. Rampe en vers. Rêve de grands vers. De grands vers en pieds avec leurs virgules qui serpentent. Polices ductiles qu’il rêve en rampe. En vers luisants. En rampe de mots. Va ventre à mot et rampe. Rampe mot à mot dans les vers qui s’éclairent. Se couvre de poussière d’encre. Dans le rêve il est sur le dos. Il rampe et rêve. Ou rêve qu’il rampe. Va lent. Vois le ciel. Et mâchouillant la nue rêve qu’il rêve.

A propos de Nathalie Holt

Rêve de peinture. Quarante ans de scénographie plus loin, écrit pour lire et ne photographie pas que son lit.

15 commentaires à propos de “vers un écrire/film #04.3 | songe reptilien”

  1. Images-scénographie et images-chorégraphie me viennent à la lecture de ce texte qui pousse la langue, réussit à la théâtraliser et à l’animaliser. Cela m’évoque aussi « Le lombric » de Jacques Roubaud. et bien sûr Baudelaire et ses « compagnons sans yeux et sans oreilles ». Merci.

  2. Oui, peut-être, sans doute… J’ai la plus totale confiance en vous Nathalie Holt. Mais je suis sur qu’au final quand vous le sortirez de ce coma, il vole et nage dans les nuages.

  3. Fascinante ambivalence des mots qui nous entrainent dans des lectures multiples. Très réussit.