#enfances #00 | pierre blanche

Du portail, tout droit à une centaine de pas dans le calme et sous le ciel excessifs, sur le bord de l’allée, on devine quelques mots gravés sur la tranche pas de prénoms, pas de dates comme il y en a souvent pour attester la véracité du souvenir. Il y a longtemps c’était une pierre horizontale ou une dalle de ciment, elle l’a remplacée dans les années 70 par du granite de Bretagne, clair presque blanc, moucheté presque gris. Ils y apportaient des fleurs blanches, une idée de Julien, les fleurs blanches peuvent être assimilées aux anges dit une publicité. Posée sur la plaque il y a une couronne de fleurs de porcelaine, des marguerites blanches assemblées en forme de cœur, très belle et fragile, la déplacer la pulvériserait. Il y a aussi une pierre blanche. C’est quand même pas ordinaire tous ces enfants morts avant leurs parents, au début, ils parlaient de petite tombe et on a continué à n’apporter de fleurs que blanches.
Va savoir ce que tu deviens quand tu as perdu ton enfance, une légende dit que tu erres, tu cherches un lieu pour finir au mieux cette vie gâchée. Tu erres et cette tombe aux fleurs blanches c’est ton point fixe, ton abri, lieu originel et ultime de ton errance.

A propos de bernard dudoignon

Ne pas laisser filer le temps, ne pas tout perdre, qu'il reste quelque chose. Vanité inouïe.

6 commentaires à propos de “#enfances #00 | pierre blanche”

  1. Une volonté de flou, d’apesanteur dans la redite du « presque » on n’a jamais vraiment la bonne couleur, on a presque telle ou telle couleur. A la lecture, j’imagine un texte qui s’amplifie, qui devrait être beaucoup plus long, pour renforcer le parallèle entre l’errance dans le cimetière, et celle de l’enfant dans les limbes, qu’on imaginerait sans fantastique une errance banale, même pour un petit fantôme. Il y a quelque chose à aller chercher peut-être dans la familiarité de la visite au cimetière qui est ici esquissée. On pourrait en faire des pages et des pages au fond. A suivre donc, avec intérêt comme toujours.