#été 2023 #10 et #10bis | Notes invaders

  1. Zut ! c’est pas ça. il restera vide celui-là. pourtant j’ai rien eu le temps de toucher. à croire que c’est automatique quand j’appuie aussi sur
  2. ça.
  3. 189.
  4. Ah !c’est toujours étonnant, ça, t’appuies Entrée et c’est une sortie de piste de la ligne, tu coches là d’abord et c’est la même sortie, mais chiffrée. ça a pas mal changé, quand même. on avait quoi nous ? du quatre-vingt-dix-sept ? j’revois encore le CD-Rom. une page blanche sur fond gris, les fonctions de base de mise en page, d’enregistrement, d’impression, des menus de mots déroulants. maintenant c’est écrit blanc sur noir, les menus se déploient en images à l’horizontale comme des rubans, et les fonctions se sont démultipliées, et sûrement affinées. on trouve plus le petit compagnon. j’aimais bien le chien jaune, moi.
  5. (Il y a ME entre eux. ME sur un banc. C’est la nuit, la tête lui tourne. Le monde avec. Eux avec. Elle les regarde en souriant. Elle se retourne, pliée en deux sur le rebord du banc et balbutie… j’crois ça va remonter…)
  6. ah j’m’en doutais ! t’as pas pu t’en empêcher ? — ah ben tiens, quand on parle du loup… — tu vas finir par faire une connerie — oh, ça risque pas, quand tu vois le nouvel environnement dans lequel on évolue. ça a pas tant changé. regarde, tout est comme avant, dans l’Accueil ! — ouais pour toi mais lui il a appris à utiliser d’autres outils il y en a même de nouveaux qu’on connaît pas Antidote et Acrobat
  7. là aïe — Ah ben bravo ! tu parles d’un acrobate ! et après, c’est moi qui ferais les conneries ? — aïe ! il s’est passé quoi ? — j’sais pas, mais on est plus dans le même environnement. remarque c’est plus simple ici. — ouais enfin ce que moi j’ai sous les yeux c’est digne ça relève plutôt du Rubik’s Cube en désordre plein d’icônes colorées et stylisées et ça donne envie mais tu sais pas trop il se passe quoi vraiment Créer fichier Combiner fichiers Modifier fichier Demander signatures Remplir et signer Exporter fichier — oui ça va, on a compris… mais j’ai pas ça, moi j’suis dans un extrait de Stephen King, des photocopies d’un livre on dirait bien. J’te lis un passage ? — non non allez on dégage on va faire une autre connerie — non mais attends ! écoute ! « Là où elle aurait dû se trouver, il y avait un immense et sombre mastodonte digne d’un roman de Dickens : la Worumbo Tissage et Filature. Et elle tournait à plein régime. J’entendais distinctement le tonnerre des tambours à teindre et à sécher les étoffes, le tchac-WOUFF, tchac-WOUFF des immenses métiers à tisser qui… » — oui ben c’est la preuve que ça va bien plus vite laisse tomber en est pas là on en sera jamais là c’est pas pour nous — parle pour toi ! j’en suis peut-être à peu près au même point de voix que toi, mais pas dans le même environnement. moi, j’ai sauté le pas ! — et moi dans le vide moi aussi tu vois j’ai changé d’environnement à son degré nul j’l’ai pas vraiment fait exprès c’est pas du fait de la volonté peut-être c’est vrai mais on est sur le même plan de changement de logiciel — oh ! quelle métaphore ! c’est pas un peu convenu ? — pas tant que ça pour nous vieux mais on s’en fout tu vois bien de quoi j’veux parler parce que j’ai au moins cette volonté-là comme toi et c’est en ça qu’on se rejoint que tu me poursuis ou prolonges à toi la volonté de lettres à moi la perspective du vide et l’un dans l’autre l’un dans l’autre et puis tu me fatigues on a rien à faire ici — mais attends, attends ! regarde ! tu nous a mis sur l’Accueil ! et y a plein d’autres auteurs là-dedans si tu préfères : Simon, Collobert, Beckett, Claudel, f mais ça j’sais pas ce que c’est, Novarina, Tarkos… et pas mal de lettres, attends… ! reviens… !
  8. (Il y a celui qui va et qui vient dans les rues de Bordeaux. En bus, debout près des portes automatiques. Aux aguets. Prêt à dégainer son ticket pour le composter. Ou descendre, en espérant se fondre dans la masse d’un groupe. Il continuera à pied dans les rues grises, les rues pavées, le vieux centre, la petite église de quartier. C’est un détour mais il aime bien. Même s’il fait froid maintenant. Peu de monde place du Parlement. Personne à La Machine à lire. On entend parler quelque part. Peut-être les libraires. Mais ça a l’air de venir des murs de livres. Le mystère des plafonds de pierre voûtés qui font courir les voix invisibles. Il devrait revenir plus souvent.)
  9. 195. Oïh !
  10. on devrait faire un journal de nombres comme on fait celui d’un mot. ou d’un Mur. tiens, est-ce que celui du mot chiffres peut constituer une entrée en matière ? « les chiffres ont une vie propre, sans frontière d’espace et de temps, si puissants qu’ils viennent s’inscrire, à la virgule parfois, jusque dans nos rêves. Ils tiennent une comptabilité mystérieuse et enfouie, dont l’exactitude est certaine et la seule mention, même lointaine, fait frémir d’angoisse. » d’accord Emma, va pour le mot, mais pour un nombre, ou même seulement un chiffre, c’est plutôt le degré zéro, le néant total. ou alors… s’appuyer sur la date du mot.
  11. fr.wikipedia.org › wiki › Chien_jaune | Chien jaune — Wikipédia | Un chien jaune est un marshaller qui guide les avions sur un porte-avions. Le terme vient du gilet jaune qu’il porte pour être plus visible et des ordres comparés à des aboiements de chien…
  12. rien à faire arrête j’te dis on a pas le droit — t’inquiète, j’le prends ! — et puis tu sais pas vraiment écrire j’te rappelle — non, toi tu sais pas ! moi j’apprends, c’est pas pareil ! surtout quand on est pas foutu de valider sa première année en trois ans… et moi j’ai tout repris à zéro, moi j’viens de passer son bac L ? — super avec celui qu’j’ai passé pour lui ça fait deux lettres comme alphabet tu tiendras le choc — mais il serait drôle avec ça ? — mais il serait con en plus sans moi tu serais rien sans ce rien que je suis devenu t’existerais pas mais voilà tu veux pas le reconnaître tu veux pas le savoir et là tu fais quoi au juste tu veux jouer à quoi tu sais même pas — mais si regarde, c’est facile, ça vient tout seul… — tu t’y retrouves peut-être pour les lettres mais moi j’sais encore compter à vingt-six et le nombre à côté de l’espèce de bloc ça m’inspire pas — et ben expire, mais ça doit être un petit paragraphe… — ouais peut-être mais — ou une strophe, j’sais plus trop… — tu vois c’est pas le tout d’apprendre faut retenir aussi — ou un fragment, un verset, un truc à scander… — eh on s’en fout tu m’écoutes pas mais moi j’vois bien qu’avec les lettres y a un paquet de chiffres et c’est un peu plus de sept fois vingt-six — oui, ben dis-toi que c’est pour faire joli ! — j’te l’dis moi j’ai pas été bon mais j’suis pas allé en sciences pour rien j’ai des restes et ces restes — pas pour rien, comme tu y vas… — me disent Y a comme un code et c’est compliqué bon sang ! Jack oublie pas — il vient faire quoi là, lui ? — mais tu vois j’t’avais dis de rien toucher si ça se trouve on va se faire
  13. 197.
  14. Aïe ! 200.
  15. décidément. c’est devenu un peu plus sensible avec le temps.
  16. (Il y en a un à la BU, un autre à la BM. Des blocs de béton, de métal, de verre, de soleil et de vent, de nuages, de pluie, de brouillard, de nuit. Mais à la BU, Sciences ou Lettres, domine le rectangle ; à la BM, c’est le cercle, même avec quelques coins aigus ici et là, et il y a deux entrées. Ils sont là pour travailler ? Oui, mais les recherches dans les allées, les balades même dans les autres salles, les autres étages. On souffle, on vaque, mais on lit quand même. Sur le mode du hasard, comme une nécessité peut-être plus impérieuse que la lecture nécessaire, studieuse, laborieuse. C’est un livre comme ça, le livre d’un spécialiste des trous noirs, Luminet, sur ce que l’univers fait aux poètes. C’est un livre d’images, de photos, de peintures. Pierre Boulez sur Paul Klee. Et des mots et des phrases chuchotés, un rire qui résonne à une autre table, dans la cage d’escalier, un visage fugitif et ce je-ne-sais-quoi qui vous emporte. C’est déjà l’heure. — oh non ! j’aurais bien fait un brin de causette ! l’ancien français peu bien attendre, il a l’éternité devant lui… et pas vraiment besoin de moi ! alors que la demoiselle… elle a l’air de feuilleter juste comme ça elle aussi… tu veux pas savoir comment elle s’appelle ? — l’autre comme s’il avait su un jour trouver les mots pour ça)
  17. || moi j’aimais bien quand il jouait au Démineur c’était tout bête ce jeu un mur de 512 briques 99 bombes à ne pas découvrir mais les 413 autres vides à ouvrir et ça dépend du nombre de mines au voisinage d’une brique vide découverte mais c’est bien le cas de le dire c’était aussi une façon de combler le vide en bloc de tuer le temps par soumission à l’ennui mais heureusement qu’il avait pas les moyens de s’acheter des jeux comme Doom ou Lara Croft chez d’autres qui y passaient des journées entières ou une partie de la nuit comme s’ils avaient pas assez des jeux de rôles heureusement il préfère écouter de la musique ça lui prend du temps aussi de descendre dans le centre mais c’est mieux les promenades en ville à pied ou en bus on observe beaucoup et on sait jamais quelle rencontre on peut faire ni pourquoi et comment on s’en souvient longtemps après alors que franchement ce n’était rien trois fois rien au fond et heureusement qu’il pouvait pas non plus se payer Internet va savoir où le temps se serait engorgé profond sur un mur d’images aussi différentes que répétitives et surtout éloquentes et irrévocables my god mais c’est quoi encore ça j’sens qu’il est pas loin c’est de lui ou c’est de moi ||
  18. on serait pas dans la même dimension que le personnage de La Linea et son dessinateur Cavandoli sauf qu’ici le langage c’est pas du grommelot encore que
  19. … ah ! C’est qu’on y voit mieux d’ici. Alors, voyons voir. C’est tout noir mais il y a de la musique. C’est étrange ces guitares lancinantes, ce flux répétitif. Slowdive. Go get it. Connais pas. C’est ce qu’il écoute en ce moment ? c’est ça ? Et c’est lui ça, dans le noir, ce profil ? ce contour éclairé par je ne sais quelle lumière dans une structure cubique ? On dirait du Bacon. C’est son profil intérieur ? Ça manque un peu de couleur… En même temps, il de qui tenir. Comme si on avait pas fait pareils nous ! Comme si c’était pas comme ça tout le temps, maintenant ? On est toujours un peu assis ou allongé sur le lit, l’halogène baissé au max, juste pour un semblant de lumière, juste un halo pâle pour rehausser les ombres de la chambre et les voir vaciller, vibrer, danser sous le grésillement continu de la lampe et les volutes de fumée du papillon de nuit envolé comme par sublimation, et le fond musical, même un peu toqué, les rythmes et le chant à la traîne de la belle Jennifer Charles, ou les guitares cristallines et caressantes de je ne sais quel concert sur Inter, chez Lenoir, à décrocher la chambre du lieu sordide où elle se trouvait, qu’elle était, à l’ouvrir à la nuit, aux étoiles au-dessus des nuages, parce que c’est, comme le chante j’sais plus qui « il fait toujours beau au-dessus des nuages », et c’est pour ça le halo de l’halocinogène, le semblant de lune, le soupçon de lumière pour ouvrir le ciel, la nuit étoilée, à l’éther brumeux des guitares, des voix, d’un visage lové dans le creux de leurs timbres, même un pâle profil, une ombre chinoise, comme je l’étais, au fond, assis ou allongé là sur le lit, flottant sur les vagues de nuages, au bord du vide sidéral…
  20.  
  21.  
Figure 2 – Chat et chiens – tableau © Hervé Maury – capture d’écran 2023-08-30 143905 sur le site Carré d’Artistes
  1. (Il y en a un en TD, une salle trop petite, plein soleil, il fait chaud, un groupe passe pour un exposé, l’un est monotone, l’autre monocorde, à piquer doucement du nez, un claquement de porte dans le couloir pour sursaut, mais option ou vacation ? il étudie encore où il enseigne enfin ?)
  2. mais, c’est quoi encore ce binns ? — ben ça se voit non c’est nous j’crois qu’on a été repérés t’as fait quelque chose qu’il fallait pas peut-être — non ! non ! rien de spécial ! et il fait quoi là le chat ? — rien de spécial pour toi pas pour lui sûrement et d’ailleurs regarde ça se lit comme le nez au milieu de la figure c’est écrit noir sur blanc — blanc sur noir — oui ben sur papier ça changera rien non mais t’as vu ce que t’avais en tête
  3. là ah zut — quoi ? c’était bien comme ça ? — sauf que c’est bien des images de lettreux ça ton lit sorti de L’Apprentie sorcière et les jeudi noirs j’te signale tu devais pas voler si haut devait y avoir pas mal de houle sur les nuages et ça grondait ça tonnait même et même que y a eu des nuits de déluge où même l’halogène a dû halluciner de rester comme ça à fond toute la nuit à rôtir plus de papillons que le reste de l’année avant que tu t’lèves dégobiller — c’était toi ! — peut-être mais c’est pas une raison ton imaginaire sidérant tu crois quoi à la fin c’est toujours le même réveil dans cette vieille piaule 4×4 et en effet pour vivre là-dedans faut avoir l’esprit tout terrain pour se coucher toujours dans ce même « lit utilitaire aux draps rêches et aux couvertures impersonnelles, l’éveil lent, sans enjeux, le diktat de la poussée au point mort » comme dit Gauthier non mais franchement avec tes paysages nocturnes sur lit de guitares lentes et distordues parce que foireuses un vrai dégueulit tu comptes rattraper quoi ta connerie — et la tienne ! — eh ben ça marchera comme ça j’ai peut-être échoué sur le réel mais toi tu vaux guère mieux sur l’imaginaire — pour l’instant. c’est juste que là il nous mène peut-être en bateau à se concentrer sur ce point de bascule des sciences et des lettres, en tournant un peu autour du pot, autour du vide au fond du lit flottant. — au bord du lit tu veux dire — non ! non ! au fond. tout part de là. de toi, de moi. de notre échec, pas plus réel qu’imaginaire. de songes impromptus entre ses deux rives, des falaises. — et le flot musical aussi non les boucles les spirales et leur chute
  4. (Il y en a un en amphi mais lequel ? Aula Magna, tentative avortée en Sciences économiques ? Amphi Physique-Chimie ? Amphi 700 ? Les petits amphis A ou B au bout du couloir K ? Finalement, il retournera à la MSHA prendre un café, calé au fond du fauteuil à lire le programme de L’Utopia.)
  5. Mon chéri, | Mais où tu veux en venir ? Ce récit de l’époque où tu cherchais ta voie, ça avance par fragments dans tous les sens sans trop savoir où mais ça avance, je peux comprendre. Ces deux voix contre toi, en frères ennemis ou du moins en faux frères, là tout contre, ces deux faces du même personnage contradictoire que tu n’as jamais cessé d’être, je peux comprendre aussi. Mais je ne m’explique pas ce souci, parallèle, que tu as d’en rajouter toujours, encore, un peu, sur des sujets sans aucun rapport apparent. Que cherches-tu ? | Qu’est-ce qu’il y a là à saisir de plus, par exemple — et pardonne-moi si je te coupe l’herbe sous le pied du mur de tes lamentations, parce que c’est bien comme ça qu’elles m’apparaissent ces petites anecdotes, ces tranches de vies accumulées et dispersées dont tu fais feu de tout bois —, dans la pince multiprise que Jipé a apporté hier, à la structure ? Cette vieille pince grise, patinée par les mains, le cambouis, les graisses, la poussière. Ces gaines bleu pétrole fissurées, rongées par les coups, les chutes, de moins en moins souples, de plus en plus fragiles avec le temps. Cette vieille pince dont Jipé se sert encore comme son grand-père avant lui. Ce grand-père mécano-bricolo durant la guerre, toujours dans son garage. Dans son atelier. Et lui avec, le petit Jipé. Derrière à le regarder faire, et défaire. À réparer, à arranger, inventer peut-être. À menuiser, souder, clouer, percer, visser, serrer, un coup de crayon et quelques chiffres ici et là, une ligne peut-être, et toujours la pince multiprise à portée de main. Qu’est-ce qui t’intéresse vraiment dans tout ça ? La vie de Jipé ? Celle de son grand-père ? L’histoire de la pince ? Comme un objet transitionnel en quoi se fixe et cristallise l’amour familial, voire filial puisque Jipé dit avoir été élevé par ce grand-père ? Et l’histoire de la parole qui se déploie ? Le souvenir qui se relâche ? Le tour d’écrou dans l’usage du temps ? | En attendant, qui assure l’intendance ? | Tu ne t’en sors pas. Tu ne t’en sors pas si mal non plus, je crois. Mais je note dans ce statu quo ta tendance à lorgner du côté du terme négatif. Comme si tu avançais à reculons. Ou comme si, observant un tableau, tu cherchais d’abord ce qui le noircit, parce que tu sais, pour toi, parce que tu sens, que c’est de là, d’abord et finalement, que sortent le motif, les formes, les couleurs. | Et dans cela tu te complais, tu te gorges même, trop profondément à mon goût. J’ai retrouvé en particulier cet extrait d’André Gorz, dans sa Lettre à D. : « Un amour naufragé, impossible, ça fait au contraire de la noble littérature. Je suis à l’aise dans l’esthétique de l’échec et de l’anéantissement, non dans celle de la réussite et de l’affirmation. Il faut que je m’élève au-dessus de moi et de toi, à nos dépens, à tes dépens, par des considérations qui dépassent nos personnes singulières. » (Non.) | Où en es-tu vraiment avec ce genre de chose ? Parole d’évangile ? verset satanique ? exercice oulipien ? littérature de la main gauche ? subside pataphysique ? Et en attendant, qui assure l’intendance aujourd’hui ? | Je ne te demande pas de me répondre. Ni même de réfléchir à tout ça. Seulement être à l’écoute. En attendant, je retourne à mes livres et mes exercices, en asymptote et f(x).
  6. 206-207. pfff
  7. INVADER RUBIKCUBIST | 24.06.2022 > 08.01.2023 | Invader Rubikcubist is a solo exhibition by Invader entirely devoted to Rubikcubism. The term, which the artist invented in 2005, refers to his studio work around the Rubik’s cube, the famous coloured puzzle with which he creates paintings and sculptures.
  8. j’ai un rêve de ME dans le lit ou autour à tirer un voile de chaque côté de ME autour du lit à passer d’un côté de l’autre de ME derrière le voile nébuleux à se déshabiller ME jetant un à un ses vêtements sur son bureau sur ses feuilles éparses ME et ce voile de fumée pour seule tenue — ah ben tant mieux. moi c’était plutôt fauve cette nuit. toute la famille de sanglier que j’ai percutée l’autre jour se glissait sous le moteur, chacun avec une pince bleue entre les dents, pour essayer de réparer, mais tout est tombé en morceau, façon 2CV du Corniaud. les sangliers se sont fait la malle dans le fossé. et puis un papillon de nuit géant est arrivé de je ne sais où. il s’est enroulé dans ses ailes et transformé en stick énorme avec une carotte rougeoyante dans le ciel comme
  9. ça ! Oups ! — ah les cochons sauvages je savais bien que ça t’travaillait
  10. (Pause-déjeuner, pause-café à la Maison des Sciences de l’Homme. Il est tout seul. L’autre ne viendra plus. Et pourquoi là ? pourquoi pas à la cafète, au bar, ou au pied de la bibliothèque ou de l’Accueil ? Le hall spacieux et lumineux avec sa baie vitrée derrière. L’espace confiné aussi, des fauteuils sous le grand escalier en colimaçon, une table basse et quelques tracts. Le café moins cher que partout ailleurs. Et personne, sinon ceux qui travaillent là et traversent d’un couloir à l’autre ou à l’étage. — La pause-déjeuner interdite dans le hall, il s’installera dans la Fiat, côté passager, face à une fresque où une ville de papier s’effeuille, immeuble après immeuble, s’envole, page après page. C’est bien ça ? — oui ben j’en sais pas plus moi moi j’ai vécu la chose et j’ai pas fait attention plus que ça et d’après ce qu’il m’a dit l’autre aujourd’hui y aurait des technologies en matière de géographie où tu vois tout t’entends tout qui m’auraient semblé relever de la sorcellerie à l’époque et elles seraient capables de pallier les lacunes de la mémoire alors pourquoi me demander — Parce qu’elles défaillent, impuissantes à remonter le temps, surtout de façon pataphysique. Et la fragilité de la mémoire sollicite l’imagination et l’invention. — et voilà qui me fait une belle jambe)
  11. toi tu crois qu’on fait quoi ici — ben, j’ai l’impression qu’on est au carrefour de deux choses, qui signent peut-être la différence entre nous. — mais y a pas de différence j’l’ai dit — oui, pour toi, mais pas pour lui ! lui il en sait rien et c’est ça qu’il cherche, peut-être, à savoir cette différence. mais pas directement. qui l’intéresse plutôt c’est d’abord une époque, celle de sa jeunesse, celle des possibles et du monde ouvert — parce que c’est plus le cas — si, mais tu sais ce que c’est, avec le temps, beaucoup de possibles ne le sont plus et le monde prend une tournure inattendue, et on prend toujours tout ça pour soi, contre soi, et trop à cœur. alors on finit par croire que non, c’est pas possible, on se referme. sauf que… — sauf que — sauf qu’à faire ce qu’il fait, eh bien non ! refus catégorique ! oh j’dis pas, y a un côté nostalgie, mélancolie assez douteux là-dedans. mais quand même ! y a du beau diable
  12. là !
  13. Aïe ! 214.
  14. 230.
  15. 222. oups (Non mais quelle idée aussi, de faire errer ses personnages dans la machine, les textes, la tête. — J’ai neuf ans quand Bauer chante « Et cette machine dans ma tête / Leitmotiv, nuit secrète / Tatoue mon âme à mon dégoût ».)
  16. ouais ben moi l’enfer c’est pas trop mon truc si on pouvait filer vite et ça m’dit toujours pas ce qu’on fait là — mais si ! un petit portrait vite fait, très lacunaire en fait, d’une époque, des études ratées, des études reprises, d’une ville et quelques amis au milieu. et nous on est les témoins — témoins témoins j’te rappelle quand même qu’on essuie les pots cassés des expériences et des événements en tous genres témoins hyperactifs même si c’est juste pour jouer de l’œil d’autant qu’aujourd’hui avec le temps le fond de l’œil est plus si frais c’est plutôt un coup à le faire virer — oui ! et c’est là la seconde chose ! il cherche aussi à cerner le point de bascule entre nous, le moment de sa chute et celui où il se relève. ça se manifeste surtout avec le passage des sciences aux lettres. mais ça c’est sur le plan psychosocio. ça se voit trop, ça fait parler, c’est pour la galerie. non, au cœur de ça y a ce qu’on voit pas, ce que personne voit. surtout pas lui. il appelle ça désir d’écrire, mais franchement… — ouais tu peux toujours le dire comme tu peux toujours courir sans savoir ni pourquoi ni où mais j’remarque quand même un truc — quoi donc ? — tu trouves pas ça injuste quand même de nous utiliser comme ça comme deux parts d’un même être fendu pour mieux dégager une autre part celle qui se trouve au milieu la part essentielle peut-être pour lui et c’est pas cool pour nous mais autant dire la part du vide la faille la fente même — eh ! on dit qu’le diable est dans les détails ! et il est sûrement là ! dans les aller-retours que ça l’oblige à faire ! il a l’impression de combler le vide et de tuer l’ennui. et j’trouve ça… cantique ! — ouais ben non pas d’accord l’enfer et la physique quantique pas pour moi parce que j’vois bien qu’on est que des marionnettes en somme et lui aussi au fond on peut insister mettre le doigt là où ça fait et remuer le couteau dans la plaie lui aussi c’est qu’une marionnette et pire que nous si ça se trouve parce qu’un être et même les animaux j’suis sûr même eux c’est bien plus complexe que deux pôles opposés à se lancer des coups d’œil électriques — mais qui t’a dit qu’on était opposés ? — les deux bords du vide — oui, mais si on dit qui se ressemble s’assemble on sait aussi que les opposés s’attirent, c’est physique. et mathématique même ! — alors c’est pas d’écriture qu’il s’agit ou pas seulement — ah non ? et quoi d’autre ? — me dit pas le contraire parce que ça aussi c’est trop visible en fait des sciences aux lettres qu’est-ce tu veux que ce soit d’autre pour rebondir non c’est trop facile ça aussi moins facile à dire à avouer ça reste en filigrane peut-être ou en reprenant la main c’est comme une main négative peut-être mais c’est aussi pour la galerie et d’ailleurs comme on en revient à cette matière tu m’as pas dit pourquoi moi j’ai pas droit à la ponctuation alors que toi
  17. (Il y a celui du cinéma. Le petit cinéma aux séances de onze heures à trois euros. L’Utopia, dans une ancienne chapelle. De petites salles, un dédale de couloirs et d’escaliers. On entre par ici, on ressort par là. On pourrait presque rester, personne n’y verrait rien. Ces deux places dans une espèce de niche, à se bécoter, se peloter et ricaner sur quel sombre film d’auteur. — Dis donc… tu vas quand même pas inventer une séquence dans la séance ? On était peut-être pas si loin d’une certaine esthétique du chaos, mais quand même…)
  18. tu peux pas t’en empêcher t’es encore aller fureter bon alors fais voir qu’est-ce t’as trouvé — un truc qui m’a l’air coton ! À rebours des systèmes : esthétiques du chaos-monde et de la chaosmose chez Édouard Glissant et Félix Guattari. ça t’parle ? — euh ça dit quoi surtout — j’en sais rien. c’est pas pour moi ce genre de lecture. moi j’regarde surtout les images. — et y a quoi
  19. 187-188.
  20. zut — fais gaffe ! c’est sensible. y a quoi ? ben on va voir ça tout de suite.
  21. « Il y a peut-être un exergue obligé – que l’on peut aussi bien mettre à la fin – ou balader tout au long de ces lignes. Je cite : “Ce n’est pas par une pratique exégétique que l’on peut espérer maintenir vivante la pensée d’un grand disparu, mais seulement par sa reprise et sa remise en acte, aux risques et périls de ceux qui s’y exposent, pour rouvrir son questionnement et pour lui apporter la chair de ses propres incertitudes” (F. G., “Microphysique des pouvoirs et micropolitique des désirs”, 1985 ; repris dans Les Années d’hiver »

A propos de Will

Formateur dans une structure associative (en matière de savoirs de base), amateur de bien des choses en vrac (trop, comme tous les grands rêveurs), écrivailleur à mes heures perdues (la plupart dans le labyrinthe Tiers Livre), twitteur du dimanche sur un compte Facebook en berne (Will Book ne respecte pas toujours « les Standards de la communauté »), blogueur éphémère sur un site fantôme (willweb.unblog.fr, comme un vaisseau fantôme).

Un commentaire à propos de “#été 2023 #10 et #10bis | Notes invaders”

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