#été2023 #00 | tremblements…

J’ai vu la photo de couverture, le titre, le nom de l’auteur, j’ai attrapé le livre, format poche, sur la droite, près de l’entrée de la librairie. Ce devait être presque l’hiver car il faisait déjà nuit, sans doute en 2010. Je n’avais encore lu aucun livre de l’écrivain. Sur la quatrième de couverture, le nom mythique d’une ville lointaine qui suinte la moiteur, la fascination, le mal-être, du moins ce sont les sensations que j’avais éprouvées dans ses ruelles il y a longtemps au cours d’un voyage qui m’avait profondément marquée. La forme particulière du récit, le rythme des premières pages m’ont happée et je suis repartie avec. Pas de souvenir des circonstances de la première lecture, j’étais engloutie dans le cours du livre, les alentours s’étaient effacés. Je m’étais trompée sur le sens du titre, j’y avais perçu quelque chose d’intime alors qu’il s’agissait d’un lieu. Comme la géographie imprime les rêves et les désirs, j’ai gardé superposées en moi les deux significations, inséparables. Il est là, beau dans son usure, des pages se sont décollées, je l’ai relu cinq ou six fois. Chaque fois j’ai la sensation qu’il m’accueille autrement, que j’y trouve une nouvelle place, comme dans une maison dont j’aurais auparavant entrevu certaines pièces seulement dans la pénombre. Je le relirai. Sa violence, sa poésie, son humour féroce, ses incantations ont profondément tremblé en moi et y résonnent toujours. J’ai l’impression qu’il m’a modifiée génétiquement ou alors qu’il a servi à exprimer des gènes dormant dans mon corps. 

A propos de Muriel Boussarie

Depuis un été fantastique - 2015 - je participe souvent aux ateliers de François Bon et j'y reviens toujours (presque).

12 commentaires à propos de “#été2023 #00 | tremblements…”

  1. « Sur la quatrième de couverture, le nom mythique d’une ville lointaine qui suinte la moiteur, la fascination, le mal-être »

    Je ne lis plus jamais qu’une ou deux lignes des quatrièmes de couverture, depuis que l’une d’entre elles m’avait tout dévoilé d’une intrigue, mais par un mauvais sort me l’avait fait comprendre de travers et mélangé des personnages, au point de (presque) gâter une lecture qui est pourtant devenue fondatrice.

    « Comme la géographie imprime les rêves et les désirs » : pour moi aussi.

    • Moi non plus je ne lis pas entièrement les quatrièmes de couverture. Je préfère commencer à lire les premières pages et voir si une magie commence à opérer. Merci Laure de votre visite

    • oui c’est vraiment magique comment lire (et parfois écrire) peut modifier… Merci pour le retour Piero

  2. Bonjour Muriel,
    J’aime beaucoup la façon dont le contresens originel finalement sert le livre, et vous y fait naviguer si fort, jusqu’au changement…
    Belle suite,
    Catherine S

  3. j’aime comme elles vont vite les première lignes : la rencontre comme un éclair (un rapt Hop) attrapé et comment par quelques lignes « entrelues » on peut être happé. J’aime l’idée que ce titre qui nous appelle nous donne de vraies fausses intuitions de ce qu’on va découvrir ( je déteste les couvertures s imposent une image des lieux ou de visage et qui collent ensuite à la lecture) … . Lire comme entrer dans une maison … y revenir habiter d’autres pièces . Merci

  4. Il est là, beau dans son usure, des pages se sont décollées, je l’ai relu cinq ou six fois. Chaque fois j’ai la sensation qu’il m’accueille autrement, que j’y trouve une nouvelle place, comme dans une maison dont j’aurais auparavant entrevu certaines pièces seulement dans la pénombre. Je le relirai.
    Vous dites bien la magie du livre qu’on peut relire, qu’on veut relire . Oui, comme une maison jamais tout à fait découverte

  5. Nathalie, Catherine, merci pour vos lectures. Vos remarques sur l’image de la maison m’ont fait pas mal gamberger et je vais préciser cette image qui est récurrente dans mes rêves nocturnes : c’est une maison démeublée ou très peu meublée, où il reste toujours des pièces à découvrir, ce n’est pas une maison où on habite, ni une maison très accueillante, mais une maison où on a toujours envie de revenir pour y découvrir quelque chose.

    • Une maison aussi où l’on peut tenter des circulations inédites, des chemins de pièce en pièce, de nouveaux avenirs 🙂
      L’image me parle tellement à moi aussi !

      • oui, une maison où tenter de nouvelles circulations, de nouveaux cheminement et pourquoi pas de nouveaux avenirs ! Je retiens la suggestion !
        Contente que l’image vous parler aussi…

  6. Rétroliens : #été2023 #00 – 2 | …et répliques – le Tiers Livre | écrire, publier, explorer