#été2023 #lire&dire | Les mots à l’oreille et le livre cabane

Quand mon attention flotte je me lis les pages à voix haute comme à une autre. À voix haute pour me remettre dans les mots. ( je n’ai jamais été une lectrice endurante, lente et distraite… rêveuse entre les lignes. Il peut me suffire de quelques pages lues et relues pour aimer follement un livre, quelques pages comme un détail dans le tableau renvoie au tout. Quelques mots en phrase pour un monde. J’aurais aimé avoir un livre cabane refuge, une maison livre… « une masure en papier Bible » ( Mon meilleur ami) qui m’accueille comme une maison (Tremblements). Les livres ont-ils seulement été des passeurs de rêves ?). Il y avait autour de moi des voix avec des phrases écrites qui s’entendaient comme de la conversation courante. Dans les maisons où je passais la littérature s’entendait. Se jouait. Se représentait. ( ce par l’oreille qui t’environne permet par exemple de dessiner en lisant-écoutant, de s’endormir en lisant-écoutant. De flotter en lisant-écoutant…) Lire à voix haute pour s’amarrer et s’embarquer tout à la fois. Lire à voix haute et mieux comprendre ? En philo c’est devenu compliqué : la critique de la raison pure à l’oreille ?  Il y a des livres qui vous arrivent par l’oreille (Romanesque). Il y a ce choc à l’écoute : théâtre, radio, podcast qui nous porte vers un livre. C’est arrivé au théâtre avec Ode Maritime de Pessoa (et courir lire dans le silence avec le souvenir de plus en plus ténu de la voix avec sa disparition progressive pour libérer un autre et même texte ) ou Rêve et folie de Trakl. Et Vessas (avec Claude Régy donc, plusieurs fois) …

A propos de Nathalie Holt

Rêve de peinture. Quarante ans de scénographie plus loin, écrit pour lire et ne photographie pas que son lit.

11 commentaires à propos de “#été2023 #lire&dire | Les mots à l’oreille et le livre cabane”

  1. Est-ce que les livres nous choisissent lorsque nous naviguons sur les torrents, les rivières , les fleuves de nos vies qui vont ensemble et séparément vers l’océan ou la mer ? C’est peut-être pour cela que nous aimons les lacs, un peu moins les étangs à moustiques, et même par souvenir de bottes d’enfance, les flaques d’eau goudronnées des villes? En vous lisant, je reconnais cette grande incertitude des moyens de rencontre avec le livre lu ou entre-lu grâce à la voix prêtée du théâtre ou à sa propre voix. Pour moi aussi les mots de livre s’incarnent et s’incorporent à nos visions ordinaires. Je ne sais pas ce que vous entendez dans l’expression « lectrice endurante » et si vous rechignez vraiment à « rêver entre les lignes », la lecture est une intime parole qui nous revient comme un boomerang plus ou moins lointain. C’est dans l’air, c’est sûr ! Je nous imagine comme des pêcheurs et des pêcheuses à la ligne, et sur internet c’est encore plus évident. La lenteur de la prise , son ajournement est une question de choix personnel, de patience et de hasard, de disponibilité aussi. Votre « courir lire » dans le silence et le souvenir est bien ce qui me rapproche de ce que vous exprimez.

    • Merci Marie-Therese pour votre retour. La lecture comme intime parole qui nous revient( ah c’est beau) et Merci pour « le mélange des couleurs » dans la cabane

  2. j’aime ce lisant-écoutant, une amie musicienne qui peine à lire adore que je lui fasse la lecture. L’oreille, c’est son entrée… et vive la radio! Rêver entre les lignes, bien sûr! c’est comme ça que ça infuse, courir-lire pour retrouver, oh oui!

  3. « Quelques mots en phrase pour un monde. » Quelle belle et prometteuse idée d’aller lire les autres à l’écoute et à la recherche des voix. Merci Nathalie Holt pour cet angle subtil que vous ouvrez. D’autant plus grand, plus vaste que comme le dit Michel Chion « les oreilles n’ont pas de paupières ». Merci, merci Nathalie.

    • …si les oreilles n’ont pas de paupières les yeux ont l’ouïe fine… merci Ugo

  4. Nos livres se rencontrent de nouveau dans nos écrits, quel plaisir de se relire, bonjour Nathalie, je vais tenter de reprendre un peu tout en terminant mon ouvrage personnel mais c’est bon de revenir !