Etres au top

Bonnets étoilés, chamoisés, floconnés, oursonnés, acrylique revers polaire ; lunettes passées par-dessus, énormes, masques opaques, casques sombres et filtrants ; lèvres roses, grasses, brillantes qui forgent un sourire stupide ; combinaisons unies par l’élégance, noires de préférence, toute autre couleur admise si bien portée, ceinturée de motifs géométriques et répétitifs, triangles, losanges, formes pointues, désir de performance ; badge en collier, sésame code-barré pour la journée, ou forfait au long cours, une semaine de vacances en février, c’est pas volé.

Ça attend, debout, serré mais détendu, skis sur l’épaule, bâtons dans les mains. Ça plaisante, ça discute, de l’état des pistes, de la descente de la veille aux lanternes, trop de la balle, de la fondue filasse du seul resto de la place, de  la station de l’an dernier vachement moins bien, des vacances de l’été prochain, à la mer hein, on va quand même pas retourner à la montage, de la neige qui devrait retomber, attends je vais vérifier, sinon ils canoniseront les saintes pistes, on s’en fout, allô, t’es où ? 

Un gamin chiale, c’est trop long, comment le calmer quand on peut pas se baisser avec tout ce barda ?  Le gosse veut aller faire pipi, on ira après la descente, on est pas loin de monter là. D’autres pingouins multicolores qui arrivent encore,  démarche de canard, ils ont tous les hanches flinguées dans le coin ?

Ca y est, ça avance, ça monte à cheval sur la barre, c’est joli, on dirait du Monet ces petites touches de couleur sur la neige, bye-bye jolis Playmobils tirés par le cul vers les sommets. S’ils pouvaient y rester, tous…

On leur ferait coucou, tas de flemmards agglutinés sur les terrasses, visage cramés pareil par le soleil. Faudrait nous payer cher pour aller faire les clowns là-haut, alors qu’on peut le faire si facilement ici-bas…