hors-série #2 | l’insoutenable trahison des collants

Fil de soie … à peine toile d’araignée … transparent … tissé … non-tissé …  framboise … cannelle … chocolat … mousse … champagne … prune … opaque … résille … bas nylon … saphir … avec couture – dessinée à même la peau pendant années de dénuement – talons … pointes renforcées … ventre plat … touché souple incomparable … sublime … plus doux que la peau même … épouse les formes … habille et révèle … galbe sensuel … jambe longiligne … à tomber à genoux … toujours la même – droite ou gauche ? – … demi-pointe … cheville fine … mollet ciselé … cuisse de crevette … armée de jambes à la renverse tronquées à la cuissarde … culbutées … sans cul … sans con … suggérés seulement … séduit l’œil … caresse entre les doigts … flatte l’épiderme… contorsions à l’enfilage … pattes d’araignées sur le fil … glissent … sur les cuisses … remontent vers la hanche … mailles serrées … très serrées … filtrent le vent … embrassent les volumes … contiennent les chairs … étirent jusqu’à l’étranglement … mailles fines … très fines … accrochent aux chaises … aux aiguilles … aux arêtes … … … cratch l’ongle à travers la saillie du cru l’irrémédiable déchirement la trouée la peau émerge nue pâle poils dressés chair de poule la taille se dérobe entrejambe entravé déhanchements incongrus agrippements féroces remontées rageuses TOUTE ELEGANCE ABOLIE sensation de couche culotte baille coupe emprisonne cisaille gratte pique gêne irrite parasite étouffe étouffe étouffe … … …

Les collants, petite, je pissais dedans.

A propos de Helene Gosselin

Un peu de sociologie de l'imaginaire, quelques années de journalisme à Montpellier. Mise au vert en Lozère. Venue ici par un heureux concours de circonstances. M'y accroche. Dévide, fouille, cherche sous les doigts.

18 commentaires à propos de “hors-série #2 | l’insoutenable trahison des collants”

  1. Que de promesses… et de désapointements – un sourire bien franc à la lecture ! Bien trouvés les points de suspension, ils apparaissent comme un fil conducteur/ la couture dessinée ; merci pour ce bon moment.

  2. oui le glissement de la séduction au malaise, et puis cette phrase qui fait mouche à la fin !

  3. J’adore ! C’est tellement ça… Encore un instrument de torture du quotidien féminin… tous les mecs devraient passer au moins une journée dans leur vie avec une gaine, des collants, une jupe un soutien-gorge à baleines, des talons et après on reparle du rapport au corps, des efforts, de la beauté, des injonctions, des fantasmes… 😉

    • Absolument. Entre le désir de beauté, l’aspiration et l’impossibilité d’y parvenir aussi. À cette beauté de papier glacé.

  4. Du rythme et beaucoup de tension qui reproduit bien la sensation désagréable du collant sur soi … Je m’y retrouve tout à fait. Merci pour ton texte.

    • Merci Martine. Je crois qu’on toutes vécu ça. Je suis contente si j’ai pu le faire ressentir

  5. « cuisse de crevette … armée de jambes à la renverse tronquées à la cuissarde … culbutées … sans cul … sans con … » avec sa chute qui coupe la chique formidable maille à crier en pointillé

    • et formidable de l’entendre dans la voix de Bruno Lecat (ce matin pas crié, si doux, si calme et tout ressort)