hors-série #impératif | impérativement



Objecte, conscience, dérange les rayons, aboie mais ne mords pas, n’essaie pas de rincer la pluie quand il sera trop tard, informe-toi, ni trop ni trop peu, varie les sources, abreuve-toi, tolère tôt, sauf l’innommable, prends le soleil aux moments doux, choisis ton arbre dans le Parc, un tilleul, son tronc comme dossier, profite de la musique de tes voisins rastas, les vapeurs de beu peu à peu te montent à la tête et tu t’assoupis le temps d’ un cauchemar tu prends la main de tes sœurs, tu leur dis que tu les as aimées, avant que l’université n’explose, ça semble venir d’en bas, sont-ce les Russes ou un monstrueux coup de grisou accumulé depuis des années dans les galeries souterraines des charbonnages aux noms étranges, Espérance, Providence, Patience et Beaujonc, Bonne Foi-Hareng, Hasard, Bonne Fortune, quel cynisme, avec quoi va-t-on se chauffer, nos corps, ce qu’il en reste, projetés dans le dernier fleuve, qui fut le premier, pourtant on y voit encore, parle le secret, avant qu’il ne s’enkyste en silence, Bruxelles je t’aime, fais gaffe à l’antivaxotan, on dirait le nom d’ un neuroleptique, que faisiez-vous dans cet appartement du quai Van Beneden, où sont vos frères, trop âgés pour combattre, eux aussi, trop jeunes pour mourir, où est Nadejda, la femme de l’aîné, sa guide de l’Ermitage, et l’explosion, tout à côté, victime collatérale du pilonnage du Pont Kennedy, du Musée des Sciences Naturelles envoie dans les cieux tous les oiseaux empaillés qui retrouvent comme par magie l’usage de leurs ailes, un flamant rose s’enfuit vers le nord escorté par une escadrille de chauve-souris insomniaques, et la brèche dans le quai devient canal pour ramener au fleuve tous les poissons échappés de l’aquarium du sous-sol, les deux requins nains n’étant pas les derniers tout le monde les laisse passer , même le squelette de la baleine mais il semble s’animer et retrouver ses chairs démesurées, d’un bond elle plonge dans les eaux vertes devenues brunes du sang de ceux qui n’auront pas pu bénéficier d’un miracle, rasta basta
Réveille-toi, quitte ton coin de gazon sans moutarde, ne tarde pas à moudre les graines de lettres à l’ancienne, expire tes faux airs d’insouciance, inspire quelques poussières d’éternité, rejoins le chemin de désir, descends la pente en oblique, glisse le long des mots

2 commentaires à propos de “hors-série #impératif | impérativement”

  1. J’aime beaucoup ce flot qui emporte, l’image de l’explosion du Musée d’histoire naturelle libérant les oiseaux, rencontrant les poissons et le squelette de la baleine, la résurrection dans le fleuve de sang.