#L4 | Mes préférés et j’en oublie

©Marlen Sauvage, un de mes « oloé » de l’été…

De Aragon : un rythme, une musique, un chant, ce qui résonnait pour une adolescente d’un idéal exacerbé par les mots…

De Marguerite Duras : le regard décalé, quelque chose de hors-norme chez cette écrivaine dans ce qu’elle saisit des personnages, des situations, avec une certaine mise à distance des sentiments, une façon de raconter, et puis la force du langage pour faire surgir des émotions chez la jeune lectrice que j’étais alors. Je la relis toujours avec bonheur.

De Dostoievski : la force de conviction des personnages avec leurș tourments et leurs passions, leurs conflits intimes, spirituels, leurs failles portées avec panache… une lecture de mes dix-huit/vingt ans qui m’a longtemps troublée.

De William Faulkner : une écriture sombre (enfin, si je peux dire), difficile, les premiers temps (j’ai démarré avec Absalon, Absalon… et après l’avoir lâché au bout de trente pages, l’ai repris et lu d’une traite, et tous les autres ont suivi…), mais j’ai aimé cette peinture des démons enfouis en chacun, la noirceur, la cruauté qui s’écrivent à travers des situations insupportables et si réalistes, avec ce rapport au temps qui brouille la compréhension de l’histoire (une histoire du coup que l’on relit pour la comprendre !), une confusion qui s’éclaircit par la voix des personnages…

De Kawabata : la poésie du quotidien, d’une cérémonie du thé, des rituels dont on comprend l’importance presque magique, la sérénité qui se dégage de cette lecture…

De Isabelle Eberhardt : ses carnets de voyage, pour l’humanité de sa prose tant dans la découverte des hommes, d’autres cultures, que des paysages, mais aussi la hardiesse de la femme, son jusqu’au-boutisme…

De John Fante : la spontanéité de l’écriture (enfin…), ce qu’un ami vous raconterait le soir un verre de whisky à la main, d’une histoire qui peut être la sienne, sans bons sentiments, mais avec tendresse.

De Robert Walser : l’impact de la nature sur l’homme, ses pensées, la délicatesse des descriptions, le regard aigu, la simplicité de ses mots…

De Qohelet… ou L’Ecclésiaste, une réflexion sur la vie, sur le côté éphémère de l’existence et de ses plaisirs (mais de ses souffrances aussi !), et finalement la conviction (pour moi) de sa beauté inhérente à sa fragilité.

De Stig Dagerman : la terrible beauté d’un texte court Notre besoin de consolation est impossible à rassasier.

De Henry Bauchau : les grands mythes revisités par cet immense romancier… Antigone, Œdipe sur la route, des récits initiatiques où s’élabore une part de soi, tant du côté de l’auteur (peut-être) que du lecteur surtout (en tout cas pour moi, oui !), j’ai dévoré ces livres…, imaginé la fougue inspiratrice d’écriture avec Le régiment noir, un roman foisonnant, une ode à l’altérité, à la liberté, où l’utilisation glissante des pronoms renvoie à la « signification » de l’écriture, des mots mêmes, avec des personnages toujours ancrés dans le réel qui disent quelque chose de la « nécessité » de l’autobiographie dans le roman (j’ai compris à travers les romans de Bauchau cette affirmation de Barthes « on écrit à partir de soi »), ainsi que cela transparaît aussi dans L’enfant bleu, par exemple. Enfin, les journaux d’écriture sont passionnants !  Bref, une inconditionnelle de Bauchau.

Mais aussi Henry Miller, Claude Simon, James Baldwin, Pierre Jean Jouve (lu seulement Paulina, 1880, mais quel roman !), Charles Juliet, Sylvia Plath, Marguerite Yourcenar, Virginia Woolf, Jean Tardieu… 

A propos de Marlen Sauvage

Journaliste longtemps. Puis dans l'édition. Puis animatrice d'ateliers après une formation Elisabeth Bing et DUAAE à Montpellier. J'anime encore quelques stages d'écriture, ai contribué aléatoirement au site des Cosaques des frontières, publié quelques livres – fictions et biofictions – participé à plusieurs ouvrages collectifs. Mon blog les ateliers du déluge.

8 commentaires à propos de “#L4 | Mes préférés et j’en oublie”

  1. AH BAUCHAU ! Immense oui… Je lisais récemment La grande muraille son journal autour de l’écriture de La déchirure. Et puis Fante, Dagerman, Walser… Ta mythologie personnelle résonne dans la mienne ! A bientôt et merci !