#enfances #06 | la voix de l’absence

Si l’absence était une voix ce serait la sienne.

C’ était celle de ses disparus, partis en fumée

C’ était celle des cris rauques venus d’autres ventres affamés 

C’ était celle prisonnière de ses entrailles, à laquelle en un cri primal j’ai tenté de mêler la mienne, mes oreilles ont tremblé

Sa voix une souffrance échappée d’une bouche craquelée du sel chaud de ses pleurs 

Sa voix trébuchait sous le poids d’errances éternelles

Sa voix s’est éteinte bien avant ma naissance

Était-ce une voix, la vigueur d’un chant de l’Armée Rouge

L’âpreté de vingt gauloises consommées ou consumées comme les étourdissements sortis d’une cheminée des camps

Dans une langue inconnue ou déformée, elle me heurtait plus qu’elle ne me parlait, le sifflement  acide d’une colère mal domptée la cacophonie de l’incompréhension

Sa douleur a volé ma jeunesse

Le silence de ma mère la rage de mon père

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