L’ami de mon ami

Tu m’avais parlé de lui. Tu m’avais dit. Tu m’avais dit sa force de travail. Tu m’avais dit l’espérance. Tu m’avais dit les réalisations. Tu m’avais dit la ville. Tu m’avais dit le football. Tu m’avais dit le regard. Tu m’avais dit les possibles. Tu m’avais fait comprendre. La hauteur d’esprit. La simplicité.

Et j’avais lu. Manifestement, tu avais trouvé. Et tu pourrais sortir de ton désespoir. De ta solitude au beau milieu des fantômes et des ombres.

Ce fut un billet. À la bascule. Au point d’orgue. À la dissonance. À la douleur. Il était question de ta beauté. De ton amour du vital. Je me souviens que je parlais dans le vide. Cette fois là.

Il parla à voix douce. Avec parcimonie. Chaque mot fut un réceptacle. Chaque mot fut un trampoline. Chaque mot fut une chance. Une tentative d’évasion. Chaque mot fut une nuance. Une danse. Sur la table en bois. Les yeux fixaient. Les yeux recevaient. Billes noires dans un cercle pâle. Front du rêveur. Lignes courtes, ses lèvres. Un verre de vin. Un verre de mystère à dissoudre. Éviter de se fuir.

Voyageur. Assis dans le fond. Notant dans son carnet. Distinguant. J’oubliais. Je relevais semblable curiosité.

Il parla contre la vitre d’un bistrot. Avec le dos de la main. Faisant mouliner ses avant-bras. Il parla en plissant le front. Avec les virgules des sourcils. Avec un souffle inattendu. Il ouvrit la main pour soutenir sa pensée. Il alla plus loin. Il déplia sa vision. Il ponctua son dessin. Il appuya les fin de ses phrases. Sourire léger. Visage clair. Maîtrisé. Calme. Sincère.

Il donna l’accolade avec tout le bras. Enveloppa. Tu n’étais jamais loin. En haut de l’escalier. Nageant dans l’eau glacée. Sans doute qu’on revivait. Sans doute en ta présence.

A propos de Antoine Gentil

Enseignant spécialisé auprès d'adolescents en ruptures sociales. Anime des ateliers, écrit du théâtre et des textes de chanson.