#voyages #10 | un mur de briques

Elle ne connait que le numéro et le nom de la rue. Elle parle d’un mur de briques. On lui montre une rue sur l’écran avec le même nom et le même numéro. Un général célèbre, elle dit : mon père écoutait la voix. Alors on lui montre une photographie du général. Elle ne reconnait pas. Elle voudrait entendre la voix on ne sait jamais. Mais la brique c’est joli, elle dit. Un mur de briques, c’est joli, c’est chaud.

On l’a trouvée qui déambulait.  Elle n’a plus de chaussures. Elle dit qu’on lui a volé son sac et ses chaussures. Elle voudrait bien rentrer chez elle : la photographie sur l’écran ne lui dit rien. Elle dit qu’il ne faut pas enterrer les morts sans chaussures qu’après ils ne peuvent plus partir : moi c’est rentrer que je veux.

Après elle parle de la tombe d’un peintre qui n’est pas loin. Une heure de marche de chez elle avec des chaussures. Elle dit que le peintre avait un frère qui est mort un an après lui. Il avait aussi eu un frère qui portait le même nom et le même prénom que lui et qui était mort avant lui. Un peintre qui a peint des chaussures comme des visages ou comme deux frères .

C’est comme ça qu’ils ont retrouvé l’adresse exacte. Ils lui ont montré la photographie sur l’écran. C’est à plus de cent kilomètres d’ici, à pieds ce serait vraiment long. Elle a dit : oui je crois que je reconnais mais ça c’était il y a longtemps. Avant… mais c’est joli un mur de briques c’est chaud…

A propos de Nathalie Holt

Rêve de peinture. Quarante ans de scénographie plus loin, écrit pour lire et ne photographie pas que son lit.

Un commentaire à propos de “#voyages #10 | un mur de briques”

  1. Des fragments, des non-dits, toute une histoire, l’émotion. Merci Nathalie Holt. Quel subtil chemin vers l’adresse exacte. Merci et bravo.