#gestes&usages #02 | moonwalk

Marcher simplement dans la salle. Tous en mouvement nos trajectoires en réseau dans le corps d’un dessin spontané. Cela ne viendrait pas à l’idée de passer par le plein au lieu de passer dans le vide qui reste entre nous fluctuant au gré de nos trajectoires. Parfois nos trajectoires se conforment malgré nous on tourne tous dans le même sens en pas synchrones. Nos pas se règlent les uns sur les autres, on ne peut plus ne pas suivre la cadence ce flux de l’ensemble des pas gagne le nôtre. 

Mais je voulais parler du moonwalk. Peut être oublie-t-on comment le poids n’est pas homogène dans le corps. Que tu peux traverser une pièce en deux ou trois pas en glissant très léger à la manière d’une puce d’eau alors que ton poids n’a pas bougé.

Entre temps tu as sauté, tu as tapé et tapé sur tes appuis, tes pieds en petits coups de marteau et ton corps en saccades secoué par le son, des basses et une rythmique de clou de frappe d’usine à répétition mais c’est bon. C’est pour lâcher tout lâcher le corps au bataillon dans la répétition et la tête qui desserre, l’humeur qui oublie, le corps-pulsation qui fatigue le mental et puis ça ralentit, ça coule, des vagues, c’est fluide, délié, le bras articule ses rotations au lieu de crier des articulés et si tu écoutes tes pas, tes pieds, tu n’entends plus ton poids, silencieux.

Tu vises une diagonale. Glisse si légèrement qu’il faut la plus grande distance de la pièce et deux pas c’est presque un saut tu traverses la piste de dance. Tu es prête pour le moonwalk, il suffit d’un nouvel appui et de penser moonwalk pour que tu marches sur l’eau. Et tu marches sur l’eau tu marches presque sans avoir besoin du sol. 

« C’était un pas de breakdance très sautillant, que les enfants noirs avaient inventé sur les trottoirs des ghettos. Alors, je me suis dit : « Je vais l’essayer ». Et ça a marché. Trois gamins me l’ont appris. Ils m’ont appris la base, et je me suis entraîné tout seul. » M. Jackson

Dans ce cycle je travaille rapidement, directement sur mon téléphone. Des textes courts, presque du brouillon. C’est adapté à mon organisation du moment.

A propos de Nolwenn Euzen

J'écris dans les ateliers du Tiers Livre depuis 2022. Cycles: "techniques et élargissements" , "le grand carnet", "photofictions" ou 40 jours d'écriture au quotidien" (juin-juillet 2022). Mon blog le carnet des ateliers concerne quelques séjours d'écriture et ateliers que je propose, associés notamment à la marche à pied. J'ai publié deux livres papiers et un au format numérique quand j'étais plus jeune. Je me fâche régulièrement avec l'écriture et me réconcilie. Je suis d'abord une infatigable lectrice. "Babel tango", Editions Tarmac "Cours ton calibre", Editions Qazaq "Présente", Editions L'idée bleue Ces revues m'ont accueillie dans le passé: La moitié du Fourbi, Sarrasine, A la dérive, Contre-allée, Neige d'août, Dans la lune... Et, grâce à l'anthologie "La poésie française pour les nuls" (éditions First) je sais que dans un des livres de la bibliothèque de la ville où j'habite, c'est moi. Et ça compte d'être tatouée comme ça. J'ai participé plusieurs années aux échanges de blog à blog des "vases communicants" - mon site a disparu depuis. En 2007, j'ai bénéficié d'une bourse de découverte du CNL. Le texte a été abouti. J'ai bifurqué vers d'autres urgences. Enfin voilà quand même, je suis contente d'être arrivé là bien qu'aujourd'hui le temps a passé et que j'ai toujours un casque de chantier sur la tête. J'aime ça.

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