Organismes désynchronisés, exploration

Tu dois être folle pour te promener en robe longue sur le bord du quai contigu au bois et tomber. Faire marcher le béton pied à pied dans la nuit du clair de lune transparent en son milieu, agitée de soubresauts clivant les barres métal en dessous. Et c’est tout. Un café. Les chaises parlent entre elles, vides. Et la porte géante qu’on ferme en fermant les yeux, le dos collé. Et le corps qui s’écroule avec dedans la vie pure de la voix. On est parti derrière les arbres sur la place maintenant et les claquettes qui repoussent le petit chien aboyeur sur les talons de l’être humain. Il embrasse la voix intérieure, la tient fort serrée contre lui pour ne jamais la lâcher. D’épaule à épaule, de bouche à bouche, de bras à bras. Sur ce, empilage de chaises au fur et à mesure, avec tout à coup plus haut plus perçant le regard s’il vous plaît tenu ferme pour ne pas tomber. La volonté, le vouloir embrasser embraser se laisser porter tomber embrasser embraser porter tenir retenir de tomber plus vite toujours plus vite. Lumière aveuglante projetée par l’œil du dedans comme une lampe torche inspectant le dehors. Le mur en face est en brique oui. Ça je vois bien. Une voiture emporte la femme les bras écartées, se laisse choir probablement sur la banquette arrière. Retour au café. Quelques piétinements au milieu des chaises jonchées de-ci de-là de corps et de bras étendus. Tout comme l’apparition d’un ange qui se pose et salut déployant l’aile de ses bras. L’ont-ils vu ? Un homme blessé à cœur baisse la tête. La porte s’ouvre, se referme. L’homme se relève. Pourquoi pleure-t-elle ? La poitrine se soulève entièrement découverte. Elle se lève : face à face, les yeux fermés la regardent, voient tout. La vie dans l’essence de son œil vert et roux qui voit tout. Surhomme-femme revenant prendre la mesure des mélanges engendrés à tous âges en un buisson de pas sauteurs. Rentrer en visant la porte du wagon infini sous les yeux blasés des voyageurs du petit matin. Tapoter l’oreiller pour l’avancée du monstre qui grogne dans le micro. Tu dois me faire peur dans ton sacré numéro de costume à rayures soit bon oh mon homme oh ta main comme l’œil du dedans virevolte pour se poser minutieux au dehors. Là. Juste là où il faut. Comme l’oiseau fonceur, le colibri. Enfante l’enfante. Pour que perdure. Puis, célébration du parking à visages découverts pieds nus sur le trottoir et en file indienne tous ensembles, tous semblables, tous différents. Ils ont été examinés des deux yeux. Ils disent : nous sommes le grand corps qui avance encordé dans les couloirs du futur. La rouge les fesses tendues par-dessus le front sans compter les joues maigres qui grimacent le sourire express ; apparition, disparition. Les doigts tendus, la taille serrée, elles courent. Trois autres et c’est la guerre imprévue sur laquelle on se lamente, sans jamais avoir trouvé le temps de la critique et de l’efficience réunies en un couple fertile, notez-bien, à notre charge. Et ce que l’on fait aux femmes le corps moulé par les robes. Le feu noir. Le feu bleu. Dehors, une paire d’oiseaux maquillés se tirant les cheveux pour se relever. Lui, le vieux, il a fière allure et le sourire appliqué, les mains redressées, le corps droit. Attention, ils sont tous en ligne de mire de nouveau ; gestes, explications dans la suite des gesticulations, sous l’encolure des usines imbriquées dans un ciel rayé bleu et rouille. Le parcours sinueux de la femme, la robe fleurie d’un pas laissé pour compte et tout en retenu, la tête ployée, le corps bien droit. Sale défaite. Les mains sur les genoux. Se font photographier. Non, s’il vous plaît, ne souriez-pas. Laissez-vous faire mollement par des gestes simples et de sublimes courses. Lancer les bras, courir, revenir. Flash, fragile, délicat, attentionné. Explosion de rouge sur ton visage-corps offert des deux yeux des deux mains plongeant revenant par-dessus le visage miroir qui frémit au passage de l’œil intérieur. Flash. Homme bois. Entrelacé de branches d’arbres. Ne vois-tu pas les étranges reflets adonnés au bleu pétrole d’un océan de branches ? Flash. Ne dis rien. Descends, remonte. Montre. Passe une main. Parle en silence, souris. Repasse sur le R du ri de souris, dépasse. Respire. Silence. Sable. Les cheveux derrière les oreilles et les mains baisées. Une jambe caressée. Comme dans un rêve. Poupée tripotée ils trouvent ça inéluctable. Le jeu. Assise, touchée, secouée, arrachée, bousculée, assaillie, embarquée. Courses collectives. Si tu marches seule tu verras, près du rocher tu oublieras. Rose tu te jetteras. La joie en avant. Les bras marquant le tempo mais pas précieux et petit à petit, on voit que la timidité a été abandonnée, les cheveux ont repoussé long, très long, le long des reins de la robe rose tout près, si près de la bouche du rocher qui crache l’eau la fait gicler et recouvre le sol d’une couche épaisse. C’était vraiment impudent, dit-elle. Les mains qui se tordent. Le long de l’eau de la bouche, le long des corps qui se douchent, plongent dans le trou de ses bras sans jamais savoir. Le trou noir où va-t-il qui le sait on court vite ça oui pieds nus agiles une main dans le dos. Les femmes sont des poupées ployées qu’ils doivent retenir de tomber. Elle, armée de son souffleur à feuille ne m’entend pas hurler. Alors que ça parle au dehors, alors que les feuilles tombent et piétinent ou grimpent aux arbres. Je suis l’oiseau ; dis -moi le pourquoi de ta chute mortelle quand on t’a quitté. Rêve de toi. Rêve de moi. Robe rouge sang. Trainée au sol ; tout laissé derrière en apesanteur. Tu te rappelles comme on voulait partir avec elle ? Manier le Grand bâton contre la Grande déchirure. Écoute, entends, plus ne te pendre aux genoux de la montagne ardente, voir l’eau venir à toi et te recouvrir, nage la spirale du serpent montre le muscle de ton ventre et de ta taille fine. Tourne entre les poteaux qui se plient à ton mouvement perpétuel de corps de bois qui voit les jambes amplifier le son du S de la spirale serpent. Et le canal s’étire sagement, le train pénètre les eaux des deux corps enlacés en un seul. Tu rentres. Regarde la main de l’extérieur qui porte l’œil à hauteur du visage. Douleur, beauté, chagrin, monstre d’eau rejeté à travers les couches ; la roche qui donne à voir le sable, racle le pied de la montagne, lui retombe dessus et toi seul la flingue pas d’erreur, maintenue au sommet orange, ajustée serrée contre le bleu du ciel, la tombe. Il faut que l’œil surgisse et se mouille, se tourne et se retourne pour ne rien louper tapi en nous. Hello la scène et l’eau, hello envahit le corps, hume vie pure vaut par elle-même enfantée dans la boue, torse maigre et devenu musclé à force de se jeter tourner sauter gicler. Dansez attachés, pauvres objets de désir qu’on dirait torturés jusqu’à l’ombre de la tache rouge sous les talons qui s’exaspèrent. Regard tragique de l’œil qui sort du noir de la lumière intérieure et se jette dans celui de l’arbre du dehors. Vont-ils l’enterrer vive comme une Antigone ? Désir ardent désert mordant à genoux manqué depuis la terre, noyé sur le dos de la bête ronde et l’arbre rouge avance pas à pas. Là-haut, tout au dessus du paysage vide, ils marchent entre les poteaux toujours bien droits et tout sourire, là-haut, là-haut entre les poteaux les saisons défilent. La voilà elle, qui montre dans les gestes pratiques de son amour pour l’art, rapporte un au revoir pour ne pas être perdu, quand la vie n’est que danse danse danse.

3 commentaires à propos de “Organismes désynchronisés, exploration”

  1. Merci Catherine, vrai ? Lu jusqu’au bout ? Me disais que personne non personne … Des fois on se dit … et merci alors !