# P5 – Quand les neurones ont des ailes

Hallucinations

Sur la rétine des impressions virtuelles. Les pupilles se dilatent, les paupières en ouverture maximale, le globe oculaire pétrifié, le cœur en mode TGV, les membres paralysés, les écoutilles aux aguets. L’image ne tient qu’au silence. Un son, un seul, et la bulle éclate. Vouloir fermer les yeux. Vouloir pousser un cri. Vouloir faire un geste. Vouloir mais ne pas pouvoir ! Le corps est sous l’emprise d’un poids qui écrase toute velléité d’agir.  Voir, on ne peut que voir cette intrusion plus vraie que vraie qui s’avance inexorablement, voir et penser. Penser que tout est faux, savoir que tout n’est que mirage et le vivre comme réel. L’impuissance se distille dans les veines tandis que le sang bout. Bruits de chaudrons, senteurs de calciné, la peur qui enfle et sature les poumons. Oppressé, figé, en apnée, égaré entre deux nanosecondes. Se déliter. Et… le grain de sable qui enraye la mécanique… est-ce un craquement du parquet, une mouche qui s’est posée sur le bras, des synapses qui se sont activées dans le cerveau ? Retour brutal à la réalité. Plus d’intrus, plus de peur, que l’impression désagréable d’avoir été submergé par un ailleurs qui n’appartient pas à cette histoire. Et un peu pâlot, le front légèrement moite, les mains aussi. Assis devant le bureau finir d’écrire la phrase interrompue : il ne faut pas se laisser dominer par l’accidentel*

*Lautréamont – Poésies II

Vertiges

Avoir le vertige c’est devenir le centre du monde. Tout tourne autour de soi.

A propos de Claudine Dozoul

Se balade entre écriture et pratiques artistiques diverses. Animatrice depuis longtemps d'ateliers d'écriture.

Un commentaire à propos de “# P5 – Quand les neurones ont des ailes”

  1. Très fort. Dire aussi qu’est-ce qu’il m’arrive et ne pas revenir. Merci Claudine pour cet écho.