#photofictions #02 | Le transat

Dans l’extrême proche du jardin, y a-t-il quelque chose qui puisse attraper le regard, celui qui passe au travers du capteur d’un téléphone ? le transat ? Détrempé par les pluies qui nous rappellent que l’été a une fin, cet accessoire, qui en est un des incontournables, gît au milieu de la terrasse, déchu, vestige oublié d’une fête qui s’est terminée sans qu’on y ait pris garde, le barbecue ? Reléguée dans un coin, dégoulinante, la sphère de métal noir et brillant capte discrètement dans son reflet tantôt le gris du ciel triste tantôt le grondement des nuages sombres qui s’entrechoquent, les palissades de bois ? Elles séparent la terrasse de ses voisines, celle de gauche, bon pied bon œil, aucun signe de fatigue, assure son job tandis que celle de droite, n’en finit pas de fléchir lors des intempéries, à tel point qu’elle s’est vue affubler d’une poutre en guise de soutien dont les chats se servent comme d’un tremplin, l’herbe ou du moins ce qu’il en reste ? Un petit rectangle de 9m sur 6 d’herbe complètement brûlée que la pluie qui ne cesse de tomber depuis deux ou trois jours semble ramener à la vie, si la lentille le saisit de hauteur humaine c’est un carré d’herbe brûlée parsemé ici ou là de quelques touffes hirsutes et de ce qu’on appelle des mauvaises herbes, mais dans l’extrême proche de cet extrême proche, un cadrage serré au plus près révèle d’improbables géométries, des entrelacs de brins d’herbe sèche et d’herbe vive, des images que la lentille pourra capter à l’infini sans jamais en produire deux pareilles, les dalles de la terrasse ? Des dizaines de petites dalles de béton couleur saumon bien alignées qui font grise mine au bout de l’été agrémentées de mauvaises herbes qui décidément essaiment partout et nous font la nique avec une vigueur sans doute proportionnelle à l’ardeur que l’on peut mettre parfois à tenter de les éradiquer.

A propos de Catherine K.

Mon nom complet est Catherine Koeckx (prononcer Kouks). Citadine depuis toujours mais avide de nature et de grands espaces que je partage par la photo ou l’aquarelle (www.catherinekoeckx.be), je suis aussi passionnée par la ville (@bruxelles_autrement). Bruxelles mais pas que... J’ai publié Le Guide lovecraftien de Providence en 2021 (disponible sur Amazon.fr ou sur commande privée). Je viens de lancer mon blog littéraire Itinéraires pluriels (https://itinerairespluriels.wordpress.com).

2 commentaires à propos de “#photofictions #02 | Le transat”

  1. Bonjour Catherine
    Voilà un beau texte entrelacé dans l' »extrême proche » du jardin tout mouillé de la fin de l’été.
    Merci !