#photofictions #06 | shoots

flou la moitié supérieure tirant sur le blanc grisé le haut d’un portant pourtant cuirs alignés rangés noirs accrochés devant accessoires étagères sacs à main lunettes vintage products abimés posés là surexposés comme un flash le bas du grain des jambes bas fumée talons hauts couture robe courte gris rouge chaussures dispersées hors du carton au sol penché trait liseré lumière crue découpe

mannequins derrière la vitrine statues mordant les reflets nus alignement désordonné un chien vivant couché dans l’angle la pièce peuplée d’ombres humanoïdes cassures des bras des torses têtes inclinées poignets brisés doigts effilés beige black brun oripeaux sacs publicitaires esquisses de vêtements abandonnées présence à la rue encapsulés vitrifiés formes de corps danse figée muette des voitures des passants fixés sur la vitre surimpression

sol maculé de traces humides éclairage naturel néon sombre plongée au ras multiplicité lignes courtes bouclées ou non point de fuite cassé rendu inexprimé sensation fourmillement mouillé larges plaques travertin dessinant des repères croisés vue arrêtée des pas sur le haut des pieds des chaussures trempées dans le flou de la reptation glissante escalier début bord cadre marches gluantes en biais coupant

diagonale du quai anthracite bordure blanche signalétique angle sépare haut bas rampe de lumière halo caréné gris foncé débordant d’éclat saturé étoiles effilochées dans la courbure du plafond carrelé wagons débouchent de la faïence à mi-course feux avant allumés écarquillés penchés suivant la ligne la pente artificielle striant le cadre divisé deux triangles un rectangle plate-forme désolée vide de train fantôme

visages durs ne se frôlent pas plein cadre un homme cheveux longs traits tirés bouche tordue vers le bas presque regard caméra évité de peu jeune fille bougé de son mouvement de tête froissement dynamique foule coupée aux épaules défilé en sens inverse de la prise de vue couloir pas un pour regarder l’objectif airs sombres taillés par le couteau de la lumière acre affairés comme en retard permanent la face et les yeux inquiets

A propos de Fil Berger

Fil Berger, je, donc, compose les textes qu’il écrit avec des artefacts sonores et graphiques et ses pièces musicales avec des artefacts d’écriture et graphiques. Le tout cherche, donc, une manière d’alchimie modeste située entre ces disciplines. Il a publié des livres d’artiste avec le plasticien Joël Leick chez Æncrages et Dumerchez. Quelques revues comme Paysages écrits, Traction Brabant ont retenu des textes. Il a travaillé et composé des pièces musicales documentées sur CD. Il a partagé pendant plus de vingt ans des moments de création avec des chorégraphes, des plasticiens, des auteurs, des improvisateurs et des compositeurs. Il a animé des ateliers d’écriture et de partitions graphiques avec des personnes de toutes sortes. Fil Berger, je, donc, est un improvisateur qui compose et performe en forgeant ses propres outils, ses champs lexicaux, ses instruments, sa présence au monde en les mettant sans cesse en variation continue. Son travail est la recherche de convergences multiples entre... l’idée et la pratique du « baroque » et... la pratique et l’idée de l’insurrection « œuvrière » autonome.

24 commentaires à propos de “#photofictions #06 | shoots”

    • Merci beaucoup Anne pour ton retour enthousiaste.
      Oui, j’ai vraiment aimé écrire ces petits textes-images.

    • Un très grand merci à toi Françoise !
      Après l’impasse totale de la #05, je me retrouve…

  1. Ici le photographe a vraiment son regard (et l’écrivain son style), un regard où je perçois quelque chose de graphique, de décalé, d’aigu, d’un peu futuriste – en tout cas un regard qui interroge notre monde. Merci Fil !

    • Mille mercis à toi Muriel pour ce retour élogieux. J’ai imaginé un photographe prenant la ville par bribes et un peu au hasard.

    • Merci Jacques pour ton retour qui me fait très plaisir. Je suis vraiment content que mes textes-images ouvrent à des visions possibles.

    • Un très grand merci à toi sandrine ! J’ai aussi cette impression quand je me relis. C’est troublant mais aussi agréable.

  2. Ces images à dire qu’on entend (staccato). S’il fallait choisir je prendrai la 2 puis la 1 avec les trois autres. Merci Fil.

    • Merci beaucoup Nathalie pour ton message ! S’il y a un peu de musique dans mes textes-images, je suis vraiment content !

  3. moi aussi suis venir te lire pour me mettre en route car suis vraiment dans le schwartz, merci Fil, la lecture de tes textes m’aide

    • Merci beaucoup Cécile pour ton message. Je suis vraiment très heureux d’avoir pu t’aider un tant soit peu.

  4. Tes textes sont plus parlants plus foisonnants que les photos fantômes qui si nous arrivions à les regarder sans vraiment les voir ne nous livreraient pas tout ce que tu décris
    ils donnent à voir dans les détails, les recoins, les mystères
    belle réussite

    • Merci beaucoup Huguette pour ton retour qui me fait vraiment très plaisir ! J’ai écrit ces textes-images pour donner à voir et je suis vraiment content que tu me dises que ça marche.

  5. Petits tableaux esquisses presque entendu une contrainte en plus comme écrire avec le moins de verbe possible : sauf dans le dernier bloc « froler ». Petites formes sans grammaire – elles en seraient probablement aussitôt enchaînées. Merci pour cette performance.

    • Un très grand merci à toi Nolwenn ! Je suis vraiment content que tu aies remarqué le peu de verbes conjugués. Ça donne des courts textes-images où la grammaire est un peu tordue.

  6. Beaucoup aimé ces images-film, le mouvement, les brisures et les superpositions de formes, l’atmosphère qui se dégage de chaque micro-instant ! Super !

  7. j’adore chaque flow, et même un peu plus le dernier, la théâtralité incroyable de ces jets, comme fragments lancés, texte pierral, j’imagine bien des choeurs figés dispersés sur l’espace scénique, les mots d’abord pris en charge par une voix, puis une autre etc, et progressivement toutes les voix ensemble au centre de chaque texte, enfin en vague décroissante, lentement, revenir à une voix

    • Merci beaucoup Françoise pour ton retour enthousiaste et enthousiasmant ! Merci d’avoir trouvé une belle scénographie pour animer mes textes-images.

  8. Je ne peux que souscrire aux commentaires qui précèdent. Très réussi, Fil. Merci pour cet ensemble !