#photofictions #08 | Je me décide

je me décide d’ailleurs à sortir un court instant pour aller prendre un peu d’alcool ; l’œnothèque historique milanaise ISOLA est encore ouverte ; derrière les vitres un empilement de bouteilles étagées en hauteur ; à travers elles une fumée opaque d’haleines chaudes et un halo de bougie ; j’attends mon tour dehors ; la vineria ne désemplit pas ; par terre des verres ont été cassés ; des carrés de pain épais vite balayés ; je promène mon regard à côté ; en face ; partout les restaurants chinois étroits montrent des établis de cuisine affairés si transparents en vitrine ; des idéogrammes remplissent les espaces lumineux des enseignes ; alors qu’à côté du nom de l’œnothèque ISOLA on a tagué sur le mur précédé d’une flèche le mot d’AMNESIA  ; je me perds dans le sens caché des enseignes chinoises au graphisme abstrait que je devine pourtant si sensible ; probablement comme tous les idéogrammes chinois elles dilueront le sens linéaire dans un flottement entre valeurs de personnes, d’objets, d’entités réunis dans un même signe ; je me rappelais la représentation d’un porc sous un toit qui signifie famille ; parce que dans le passé les cochons ont été en Chine les premiers animaux domestiqués ; qui faisaient partie des communautés vivant sur leur terre ; à un moment ils avaient partagé leurs maisons leurs terrains leurs espaces ; c’était le sens de cette proto-écriture ; pareille celle des grottes préhistoriques où l’oralité les rites collectifs les rêves traversaient et marquaient les avancées en des rythmes intériorisés flottants inscrits dans la pierre ; figures concrètes en archipels ;

A propos de sandrine cuzzucoli

Aime le temps suspendu en contemplant, lisant, dessinant, parlant, regardant le plafond, les visages, peintures, ciels.. Dans mes études passées mais encore présentes!: la littérature américaine, italienne, les beaux-arts, la traduction et d'autres choses depuis... Ecris en revue depuis environ 5 ans, dessine depuis plus, c'est un aller-retour constant un peu comme un Appel de la Forêt, le titre d' un des premiers livres de Jack London- que j'ai aimé!

6 commentaires à propos de “#photofictions #08 | Je me décide”

  1. Bonjour sandrine
    Une belle réflexion sur les enseignes. Ce qu’elles montrent, ce qu’elles maintiennent caché. Merci beaucoup.