04 # revisite | Foule anxieuse

Petite Foule Debout

Ce n’est pas tout à fait une foule. C’est une assemblée. Qui parle à tour de rôle au micro qu’ouvre et ferme une femme ou un homme de pouvoir chargé.e de distribuer et modérer la parole publique. Chaque séance est enregistrée. La caméra ne se déplace pas n’importe où. Elle cible l’oratrice ou l’orateur qui malmène souvent le cou flexible d’un micro qu’il faut ajuster à chaque prise de parole. Selon le degré de calme ou de colère, la courbure pourtant docile du micro s’en ressent. Derrière la distributrice de parole, en ce moment, il y a deux hommes cravatés, cinquantenaires ou plus d’apparence, un peu tassés sur leur chaise, se tenant de biais aux trois-quarts, on ne sait pas à quoi ils servent. Juste en les regardant. On ne sait pas ce qu’ils pensent. Souvent ils ont l’air de s’ennuyer.  Les séances sont interminables et pas toujours agréables à subir. Et puis un jour, en face de ces trois, se lèvent des député.e.s  qui brandissent chacun.e  une affichette A4 en format paysage, une protestation dessus NON au 49. 3 . C’est une atteinte au règlement intérieur que de perturber ainsi le déroulement de la séance. La présidente d’assemblée fige son sourire et rappelle à l’ordre les contrevenant.e.s, une poignée d’ hommes  silencieux à redingote et chaînettes dorées montent dans les rangées pour confisquer les affiches et faire rasseoir les contestataires. C’est une scène de petite foule frondeuse, non violente mais non contenue. Le début (ou la suite) d’une révolte qui ne s’éteindra pas facilement. L’autre foule qui est à l’extérieur et qui regarde le débat parlementaire sur ses écrans sait que l’insatisfaction n’arrêtera pas sa vague qu’elle est profonde et inquiétante. « La foule ne pense pas » disait Gustave Le Bon. L’affirmation est peut-être à revisiter elle -aussi.

Foule GIEC

Un Homme dans la Foule

A propos de Marie-Thérèse Peyrin

L'entame des jours, est un chantier d'écriture que je mène depuis de nombreuses années. Je n'avais au départ aucune idée préconçue de la forme littéraire que je souhaitais lui donner : poésie ou prose, journal, récit ou roman... Je me suis mise à écrire au fil des mois sur plusieurs supports numériques ou papier. J'ai inclus, dans mes travaux la mise en place du blog de La Cause des Causeuses dès 2007, mais j'ai fréquenté internet et ses premiers forums de discussion en ligne dès fin 2004. J'avais l'intuition que le numérique et l 'écriture sur clavier allaient m'encourager à perfectionner ma pratique et m'ouvrir à des rencontres décisives. Je n'ai pas été déçue, et si je suis plus sélective avec les années, je garde le goût des découvertes inattendues et des promesses qu'elles recèlent encore. J'ai commencé à écrire alors que j'exerçais encore mon activité professionnelle à l'hôpital psy. dans une fonction d'encadrement infirmier, qui me pesait mais me passionnait autant que la lecture et la fréquentation d'oeuvres dont celle de Charles JULIET qui a sans doute déterminé le déclic de ma persévérance. Persévérance sans ambition aucune, mon sentiment étant qu'il ne faut pas "vouloir", le "vouloir pour pouvoir"... Ecrire pour se faire une place au soleil ou sous les projecteurs n'est pas mon propos. J'ai l'humilité d'affirmer que ne pas consacrer tout son temps à l'écriture, et seulement au moment de la retraite, est la marque d'une trajectoire d'écrivain.e ou de poète(sse) passablement tronquée. Je ne regrette rien. Ecrire est un métier, un "artisanat" disent certains, et j'aime observer autour de moi ceux et celles qui s'y consacrent, même à retardement. Ecrire c'est libérer du sentiment et des pensées embusqués, c'est permettre au corps de trouver ses mots et sa voix singulière. On ne le fait pas uniquement pour soi, on laisse venir les autres pour donner la réplique, à la manière des tremblements de "taire"... Soulever l'écorce ne me fait pas peur dans ce contexte. Ecrire ,c'est chercher comment le faire encore mieux... L'entame des jours, c'est le sentiment profond que ce qui est entamé ne peut pas être recommencé, il faut aller au bout du festin avec gourmandise et modération. Savourer le jour présent est un vieil adage, et il n'est pas sans fondement.