#transversales #07 | Histoire de Tarkos en 10 chapitres.

Comment est-elle devenue poète ? Il lui avait dit «Tu écris bien» et Suzanne l’avait pris au mot avec un doute il m’emmène écouter les sirènes parmi les déchets et les fleurs dans les algues il y a les rêves des enfants au petit matin qui se penchent vers l’amour… Des mots à recopier ceux des autres elle veut passer aux siens. Elle va elle écrit sa chanson à elle qui écrira ce qu’elle ne sait pas dire. Elle roule les mots dans sa bouche les dit tout haut pour entendre ce qu’ils veulent dire.

  1. Être poète à quoi ça sert ? Suzanne découvre des poétesses des poètes elle discerne celleux qui d’un seul vers la bouleversent la font rire pleurer ou penser. Elle veut élaguer épurer fuir sa tendance à l’emballement faire court ce qui sert à entendre les mots comme on entend la musique. Elle chante souvent et chanter certains mots leur donne une grande force, un frisson t’effleure en Avril sur un drap de soie un frisson qui tient à un fil entre toi et moi un moment de pause à tes gros soucis même en passant par ici en passant par là frisson d’Avril revient souvent. Un poème est un frisson.
  2. La vie de poète est semée d’embûches et pas de tout repos. Oui l’insignifiance est le plus grand danger pour elle  oui mais si Keith Jarrett ne s’était pas pris pour Keith Jarrett il n’y aurait jamais eu de Keith Jarrett, elle tousse et ne peut comparer bien sûr. C’est dur et long d’être poète mais comme elle s’y est mis sur le tard, elle ne publiera pas. Peut-être sur un blog, un site ou jamais. Elle est lancinante cette peur de ne rien écrire de valable si on a beaucoup loupé dans la vie, on va louper ça aussi et tellement d’autres écrivent des merveilles mais justement s’y atteler ce n’est pas de tout repos non mais ce n’est pas pour rien.
  3. Comment se tirer de deux mauvais pas. Se mettre la pression…un début si tard dans la vie fait monter la pression écrire raturer recommencer en anarchie arriver à calmer le jeu en faisant obstinément ses gammes, et s’y mettre tous les jours trouver son moment qui peut fluctuer aussi. Un autre mauvais pas à savoir franchir, être au milieu des autres: vouloir arriver à une bonne hauteur pour oser prendre la parole lire à haute voix et s’enregistrer, elle veut être avec les autres. Peut-être ne pas se situer comme ça ? Sa vie a été ainsi avoir fait un travail utilitaire et se mettre tard à écrire Suzanne a eu un chemin solitaire elle continuera sur ce chemin solitaire ?
  4. La question du réel. On joue avec des mots dans la réalité crue de ce qu’on vit. Ce réel pour elle ne sera pas réel pour un autre mais c’est là qu’elle patauge avec l’intention de le changer. Pas pour le dire à son insu et sans y être pour rien, le dire avec des mots longs à trouver pour bouger les lignes du réel, malaxer la pâte des mots plein de réel dégoulinants. «C’est parce que le mot rétroagit sur ce qu’il engendre en octroyant densité vigueur éclat que le poète reçoit tant de l’écriture»

4 commentaires à propos de “#transversales #07 | Histoire de Tarkos en 10 chapitres.”

    • Oui, par moments, la chanson c’est n’importe quoi, en ce moment, j’écoute les mélodies des Beatles par Mehldau, c’est très beau. Merci, Brigitte.

  1. J’ai reconnu Charles Juliet à la fin de votre texte. Suzanne est un peu triste, elle s’accroche aux mots pour ne pas perdre le chemin des autres et elle a raison. Chanter ou écrire c’est pour moi un peu la même chose. Au bout d’un moment , on ne sait plus qui a écrit les chansons que l’on chante encore , les chansons se suivent, les générations aussi. Suzanne a la folie douce qui attire l’auditeur ou le lecteur , l’auditrice ou la lectrice. Elle donne envie de lui parler sans vouloir la consoler. Simplement venir là. Au pied de ses désirs d’incarnation et peut-être d’un peu d’immortalité aussi. Merci Simone, qui avez le prénom de ma mère, qui elle aussi a beaucoup donné et pas eu le temps d’écrire son histoire. Mais elle est toujours là avec son rire et ses larmes au fond de mes mots que je retrouve dans bien des livres lus.

    • Merci d’avoir lu, Marie-Thérèse. « Simplement venir là» Oui. c’est ça. «Sans vouloir la consoler» Yes. Vous avez beaucoup lu Charles Juliet, et parlé plusieurs fois de lui, son parcours a été difficile, mais il est attachant. Merci de ce commentaire bon à lire.