transversales #6 | jusqu’à quand ce rituel ?

« J’adore la littérature et je ne cesse de la détester comme un paysan sa terre. »

Pierre Michon

Toujours le même contexte d’écriture désormais stabilisé : la nuit, les volets clos, face écran, Arvo Pärt dans le casque – ce soir « Tabula Rasa ». Tenir ferme à cette séance quotidienne. Jusqu’à quand ce rituel ? Depuis dix jours donc, chaque soir, ferrailler pour voler 40 à 60 minutes et écrire le dernier texte de la série « Dialogue ». Pas arrivé aux 10 000 signes souhaités. Déception. Déjà, cette transversale #6 en attente et à l’approche, le nouveau cycle « ville ». Des propositions au quotidien. Déchoir si le rythme n’est pas tenu ? Avant, cette habitude potache de se fixer des contraintes comme écrire une histoire à partir de 10 mots piochés dans un dictionnaire – d’après Les Papous dans la Tête sur France Culture. Un été ça a donné un pastiche de roman d’espionnage. Plus tard, une période haïkus aussi. Et puis encore écrire ses morts. Depuis la petite chambre grise d’une petite ville de la vieille Europe, beaucoup fait rêver/envie le vécu des écrivains des grands espaces US. Pendant longtemps, affirmer vouloir écrire pour prolonger/retrouver le plaisir des lectures de la littérature de genres. Aujourd’hui, une réticence à ces genres, aux vers et au romanesque. Reste la fiction ? Prétendre refuser les clichés, aspirer à l’original. Frustrant. Et si juste viser ce statut social de l’écrivain artiste donné par la publication chez un éditeur ? Alors, conception arrogante, insincère et intéressée de l’écrire ? Trop sévère ? Toujours aussi, ce grand regret des arts visuels. Qu’est-ce qui empêche ? Trop écrit, trop loin, trop tard pour tout arrêter. En rester aux mots. Édouard Levé, « Œuvres » un sommet, un modèle au risque d’être écrasé ? Soi, seulement écrivant. Écrivant très très laborieux, rigide, maniaque. Écrivant protocolaire. Cette impression de ne rien avoir à dire, à raconter. Sans ces contraintes, possible d’écrire ? Pas vraiment de projet sinon participer aux Ateliers du Tiers-Livre. Avant chaque texte, cette pensée de tout envoyer balader, de renoncer. Et puis ce constat avec la pratique, l’écrire qui se nourrit de lui-même et des lectures aussi. Chercher, chercher encore sa voix. Cette certitude/gratitude : persévérer, impossible sans la communauté des du Tiers-Livre. Au fait, écrire tout ça possible sans la schize du pseudonyme ?

A propos de Jérôme Cé

Surtout lecteur. Cherche sa voix en écriture avec les cycles du Tiers-Livre depuis pas mal de temps. Un peu trop peut-être. (ancien wordpress et premières participations aux ATL) https://boutstierslivre.wordpress.com/