123 mots pour tous ceux, pour toutes celles

Étant donnés 3 mots : « eau », « lac », « mer ». 3 lettres : chiffre minimal pour que ça circule. Parfois coule sous la terre : Saint-Éthurien. Puis surgit. Résurgence. Se jette dans le Léguer avant d’arriver à la mer. Résurgence : ce qui sort de terre, revient à la surface-mémoire. Celle qui, dedans la terre, depuis 2014, ma mère. Rêvé juste après : la mer recouverte de gel. Celui qui, en 1915, noyé dans l’Adriatique, son grand-père à elle. Corps hors sol. Tous ceux qui depuis 2014 – plus de 20 000 – morts en Méditerranée. Sans sépulture. Même le chiffre est faux. Innombrables. Ceux qui, dedans la Manche. 123 mots pour tous ceux, pour toutes celles mort.e.s en mer.

A propos de Agathe Derosa

Agathe Derosa, un pseudonyme évidemment. (Merci pour l'article "Pseudonyme"du dictionnaire) Evidemment, mais il est fait d'éléments "vrais", patronyme de la grand-mère napolitaine (en vrai "De Rosa") et prénom dont l'appelait cette grand-mère en italien. Cette langue ne m'a pas été transmise. Pseudonyme, parce que pour raison administrative entre autres, j'ai décidé que sur le net "Pour vivre heureux, vivons cachés." Sous un autre nom, j'ai publié en papier, livres et articles (fiction et philosophie.) J'ai étudié la philosophie et l'ai enseignée avant de changer de métier. J'ai travaillé aux Editions des Femmes (mais pas à la grande époque.) Je ne travaille pas pour le moment. C'est un atelier d'écriture qui m'a permis de m'autoriser à écrire de la fiction (Aleph, en 1992, je crois). Depuis 2007, je co-anime des ateliers d'écriture dans l'Est Parisien. Important pour moi : chanter avec d'autres, la politique, écrire avec d'autres Le pseudonyme, peut-être aussi une naissance dans l'écriture ? Exister sur le net sous ce nom ? Je ne sais pas. J'ai parfois un amour immodéré pour la ponctuation, capable de passer des heures à reprendre la ponctuation d'un texte. Par maniaquerie, mais aussi à cause de la musique (voir Drillon, Traité de la ponctuation). Souvent je rêve d'écrire comme on chante, ie sans laisser de trace, pendant le confinement de mars 2020, j'ai cru y arriver. M'intéressent également ou m'ont intéressée : la typographie, la psychanalyse.

8 commentaires à propos de “123 mots pour tous ceux, pour toutes celles”

  1. Merci Piero, il manquait « celles » en effet.
    Texte et titre modifiés ce matin.

  2. Je suis désolée , il me semble que par erreur j’ai refusé votre commentaire pourtant fort sympathique . Je vous prie de m’excuser , je ne suis pas très familière de ce genre de plateforme

      • Merci François. A vrai dire, plus je lis et me plonge dans les textes dont tant sont joyeux et vivants, plus me semble étrange que j’ai pensé à cette dimension en première intention… La puissance de la trace mnésique d’un bisaïeul mort en mer, puis la mère morte en 2014, qui avait bcp oeuvré pour les migrants …n’y sont pas pour rien. Mais, bien sûr, cette dimension nous est commune à tou.te.s.
        C’est le mot « résurgence » dans la video qui a, je crois, suscité pour moi cet écho.

    • Aucun problème, Nicole, je suis dans le même cas que vous à l’égard de la plateforme. Je sens qu’on va progresser…

  3. L’eau comme mémoire ….
    super intéressant. Cela pourrait faire un super thème d’atelier .
    Merci pour votre texte et votre commentaire .
    J’apprivoise les outils et ça aussi c’est super !