vers un écrire/film #03 | puis disparaissent

Le soleil n’a pas trouvé son chemin. La nuit dans un prolongement sombre attend la relève. Tarde. Percer l’épais. S’étire s’épand se fige le brouillard. Seule. Une lumière humaine pointe pâle. Halo trouble défiant la pesanteur du blanc. Matin obscur. Dans la rue subsiste la lueur d’un lampadaire comme défi à ce qui doit finir à ce qui doit advenir. Le jour peut-être. Le blanc silence tait le petit jour tait les étoiles tait la terre. Comme cycle interrompu. La rue ne bouge ne respire ne vit. Attend. Un être vivant trotte. A peine dans la lueur. A peine dans la nuit. Trotte puis disparaît.

Couche épaisse. Couche blanche glisse sur le fleuve sur la ville. Le grillage fin serré découpe l’horizon. Losanges blancs. Rien n’échappe tout est pris. Aplati retenu étouffé. Royaume blanc. Même la flèche cathédrale comme l’usine cheminée brune ont quitté les terres blanches. La colline on la sait là quelque part. De l’autre côté du fleuve on la sait quelque part. Tout près sous ce qui éteint le monde aujourd’hui. Le ciel goûte la terre l’eau l’asphalte la ville. La lèche la renifle. Ses recoins ses allées. Péniche remontant le fleuve. Plate. Lente. S’immisce un instant entre l’eau et l’épais laiteux. S’immisce puis disparaît.

Le jour est venu mais abandonne les lieux. Rien à gagner ici. Laisser place. Repartir. Tenter sa chance une autre fois. Ailleurs. La nuit gonfle voudrait d’un souffle disperser ce qui écrase le paysage retrouver les reflets les lumières l’immense. Petite nuit par petite porte. Intruse. Celui qui règne ne laisse place domine décide accorde. Quelques humains vaquent en silence. Ni des ombres ni des vivants. Des formes discrètes silencieuses avancent se croisent se dissipent. Epaules en offrandes. Le blanc réclame ici l’attention. Le blanc convoque partout l’oubli. Les phares d’un véhicule progressent lentement. Progressent puis disparaissent.

A propos de Rebecca Armstrong

J'aime la voix alors j'ai fait de la radio (associative), je produis des podcasts et mon métier c'est de faire lien avec ma voix. J'ai écrit, vraiment pour la première fois, récemment. Un manuscrit instinctif est né: des flashs d'un temps passé disons. Il s'appelle "1.2.3". Je souhaite désormais explorer l'écrire avec la profondeur que je sens ici, avec tout l'enthousiasme de la novice. (Et au fait, j'aime les tatouages, les apéros, les lecture à voix haute, mon potager minuscule, courir le matin et lire)

6 commentaires à propos de “vers un écrire/film #03 | puis disparaissent”

  1. Comme une offrande, la disparition
    Forme de soulagement
    Le paysage pris dans un ample répit de tout
    Le bien, le doux, de l’inaventure qui te défait
    Le bien, le doux de s’y laisser fondre
    Et disparaître aussi
    Sans plainte et sans pleurer
    Merci beaucoup Rebecca