#40 jours #14 bis | viscères

je ne suis pas tranquille (les guillemets, c’est une ponctuation ou quoi ? comme les parenthèses ? par exemple tranquille est-ce que ça s’écrit avec deux l puis un e quand c’est un garçon qui parle ? qui parle ? ) et d’ailleurs je ne vois pas qui pourrait l’être dans ma situation – tranquille je veux dire – il faudrait avoir les yeux chiasseux (chiasseux ou chassieux ? Ou chiasse yeux ? Ou quoi encore, non je ne suis pas tranquille du tout) pour se trouver dans cette situation et être tranquille – ou tout au moins le paraître – je ne vois pas qui – c’est pourquoi j’ai mal au ventre, des ennuis gastriques, la nuit je me réveille, ce n’est pas certain que ce soit ça qui me réveille mais enfin je me réveille et j’entends bruire mes organes, pas tous entendons-nous bien (encore que je ne voie pas pourquoi il faudrait que nous nous entendions bien) certains seulement, le foie, le cœur, les viscères – certains seulement la peau – les viscères est-ce ça inclue le cœur le foie et le reste ? – et peut-être bien sa couleur – encore que je ne la voie pas car c’est la nuit que braient mes viscères, et à cause de quoi je vous le demande ? Je ne sais pas, et c’est pourquoi je ne suis pas tranquille, enfin pas tellement ça se calme parfois, je me lève je rumine j’urine et bois je me recouche clos mes yeux m’étend tête au frais sur oreiller retourné tranquillement – mais non c’est encore là – je ne dors pas ce qui m’intranquillise (ça se dit intranquillise ou c’est encore un truc à monsieur Personne ? ) ce qui m’ennuie m’embête m’emmerde franchement c’est que je n’arrive pas à retrouver ce que j’étais en train de chercher à élaborer à construire à imaginer – un rêve – et que le bruit de mes entrailles a laissé s’échapper a aidé à s’échapper à s’évader peut-être et là, on est bien obligé alors de penser à ces flatulences qui nous assaillent parfois (certains, à l’enterrement de leur chef de service auquel ils sont obligés d’assister, parce que sinon ça ne se fait pas déjà et qu’en plus ils seront mal notés par une hiérarchie absente probablement mais qui aura remarqué leur absence ou tout au moins en aura été prévenue (en aura eu vent, oui) par des gens compétents vigilants attentifs autant que malveillants, certains disais-je mangent la veille des haricots) arrivé à ce point (il faudrait que j’opère quand même quelque chose comme de l’écriture inclusive car enfin, ce genre de malaise n’est pas genré, soyons clairs) à ce point, donc il faut que je me lève aille regarder l’état de la lumière extérieure, imaginer l’heure qu’il peut bien être écouter peut-être le merle de quatre heures et quart – car c’est la nuit pleine et entière, encore – j’écoute pousser mes cheveux disait Brel (je ne suis pas certain que le sujet de cet oratorio soit convenable – il me fait penser, de loin, à (il me semble) l’une des premières nouvelles de Martin Winckler (qui est un pseudonyme) qui parlait si j’ai bonne mémoire de cette partie de notre individu – non, mais c’est que le mot même qui sert de titre à ce petit exercice a le pouvoir de faire penser à ces choses-là – latin religion – probablement ce latin dont on a rebattu mes oreilles, cette guerre des Gaules, ce Gaffiot, ce Ciceron c’est Poincaré, ce genre de salades ou de fadaises plus ou moins bien enseignées dans les classes qu’on nommait maif parce qu’elles étaient fréquentées, en grande partie, par des progénitures professorales ou institutrices (l’adjectif institutrice existe-t-il ? ) – ça ne va pas mieux, non cependant

A propos de Piero Cohen-Hadria

(c'est plus facile avec les liens) la bio ça peut-être là : https://www.tierslivre.net/revue/spip.php?article625#nb10 et le site plutôt là : https://www.pendantleweekend.net/ les (*) réfèrent à des entrées (ou étiquettes) du blog pendant le week-end

10 commentaires à propos de “#40 jours #14 bis | viscères”

  1. C’est pas un texte à monsieur personne ça et sa remonte sacrément les viscères de la tête un jour de déprime. Vive les bruits du dedans …

  2. Merci Piero pour cette écoute. Je suis bien d’accord avec Nathalie : vive les bruits du dedans ! Ce sont les plus nôtres des nôtres.
    Pour le reste, chacun ses merles : les miens ne commencent jamais avant 4 heures 45. Ils savent que je ne suis pas du matin.