#40jours #16 | de l’obsession

Écrire oui, comme toutes les décisions longues à prendre, elle est devenue impérieuse.

Écrire oui, ignorant ce que ça allait remuer, ce nouveau  »loisir », chez elle et chez ceux qui l’entourent.

Écrire oui, et après? Le vide, une étendue morne et plate. Plus rien n’a d’intérêt, plus de patience pour les tâches quotidiennes, plus envie d’être avec les autres.

Écrire non, il faut arrêter. Elle a bien essayé, petit déjeuner noyé aux larmes, faudrait voir à arrêter maintenant, ça prend trop de tout. Pas réussi.

Écrire non, la révolte des autres: son temps ne lui appartient pas, bon sang! Il faut répondre aux injonctions des autres, avant les siennes propres. Elle était déjà comme ça avant, d’un égoisme monstrueux, mais elle ne le savait pas. Alors eux, comment auraient-ils su?

Écrire malgré tout, entre une lessive et le bureau, entre les courses et mails, entre les fêtes de fin d’année et les voyages. Avec une seule obsession, celle d’arracher une heure au temps, celle de me retrouver seule, pour écrire et pour lire.

Écrire encore, même s’il faut le taire, poser ici mon enthousiasme, mes déceptions. Y revenir pour me souvenir comment tout ça a commencé, comment j’ai trouvé un os de tyranosaure, et comment je m’occupe maintenant à la dégager. Raconter mon entêtement à vouloir déblayer sa colonne avec un tout petit pinceau. Mon espoir que les fouilles ne soient pas annulées faute de moyens.

A propos de Irène Garmendia

Lectrice par amour des mots et des histoires. Voyageuse immobile, perdue entre plusieurs langues, a récemment découvert le jeu d'écrire.