#40jours #19 | manqué

Être là. Dans ce périmètre. Zoner. Place du Jourdain. Quatre bouches. Métro. Dans l’attente. Rendez-vous. Déjà. Dix minutes. Passe vite. Patience. Rester. Près. Bouche. Pas de bouche. Principale. Toutes égales. N’importe. Laquelle. Choisir. Ne pas savoir. Alterner. Peut-être. Ne pas le rater. Rester. À la périphérie. Tourner. Rester. Statique. Pas bouger. Rester. Calme. Regarder les voitures. Politesses de conducteurs. Ridicule. Regarder. Les immeubles. Haussmanniens. Boursouflés. Laisser passer. Quelle heure. Déjà. Quinze minutes. Ne pas penser. À moi. La place. Sortie. Près de l’église. Côté dix-neuvième. Trop de couloirs. En dessous. Choisir. La sortie. Évidente. Directe. L’attendre. Là. Cette bouche. Donne. Sur la banque. Entre elle. Et la boulangerie. Deux bouches. Côté vingtième. À droite. À gauche. Où. Va-t-il sortir. Guetter. Tourner. En rond. Sur soi-même. Le temps. Maussade. Vent. Froid. Plus de café. Fermé. Congés. Attendre. Dehors. Se frotter. Les mains. Les bras. Les cuisses. Pas assez habillé. La nuit. Qui tombe. Comment se voir. Se retrouver. Quelle heure. Vingt-huit minutes. Déjà. Le clocher va sonner. La demie. De sept heures. La librairie. Un peu trop bas. Là-bas. Pas pouvoir. Lécher. La vitrine. Ne va pas me voir. Me trouver. Attente. Ça fait long. Ciel couvert. Rester sur place. Stoïque. Prendre son mal. Il exagère. Moins de voitures. Tournent. Rue du Jourdain. Le flot. Rue de Belleville. Roule au pas. Les gens rentrent. Attendre. Va venir. Va arriver. La bouche en cœur. Excuse. Toute prête. Repartir. Le laisser. En plan. Pas encore. Patienter. Encore. Pourquoi pas un café. Se dire. Au métro. Veut rien dire. Ne pas savoir. Prendre rendez-vous. Correct. La nuit. Lourde. Froide. À la fois. Il ne pleut pas. La demie. A sonné. Cinq minutes. Attendre. Trois quarts d’heure. Pas plus. Ne pas pouvoir plus. Importance. Rendez-vous. Pas le louper. Reste dix minutes. Changer de bouche. Après. Partir. Laisser tomber. Avoir l’habitude. Attendre. Savoir faire. Il a oublié. Peut-être. Accident. Va savoir. Quelque chose. Sûr. Pas possible. Politesse. Zoner. Les gens. Rentrent. Lui dirai. Attendu. Trois quarts d’heure. Beaucoup. Trop. Long. Manque de temps. Trop de temps. Disponible. Pas esclave. M’en aller. Ne viendra plus. L’engueuler. Pas pouvoir. Rentrer. Repartir. Ça fait trois quarts d’heure. Fini. Reprendre le métro. Une fois encore. Tour de la place. Tout fermé. Vérifier. Personne. Serrer les dents. S’engouffrer. Dans la bouche. Ticket. Trop tard. Fuir. Froid. Colère. Dépit. Raté. Tant pis. Tant pis pour lui. Rentrer. L’appeler. Demain. Ne pas s’excuser. Ferme. Dire l’attente. Vain. Pas le temps. D’expliquer. Torsions de bras. Longues minutes. Hésitations. Polarisations. Demain fini. Tout ça. Pas la peine. Manqué. Irrémédiable. Fini.

A propos de Fil Berger

Fil Berger, je, donc, compose les textes qu’il écrit avec des artefacts sonores et graphiques et ses pièces musicales avec des artefacts d’écriture et graphiques. Le tout cherche, donc, une manière d’alchimie modeste située entre ces disciplines. Il a publié des livres d’artiste avec le plasticien Joël Leick chez Æncrages et Dumerchez. Quelques revues comme Paysages écrits, Traction Brabant ont retenu des textes. Il a travaillé et composé des pièces musicales documentées sur CD. Il a partagé pendant plus de vingt ans des moments de création avec des chorégraphes, des plasticiens, des auteurs, des improvisateurs et des compositeurs. Il a animé des ateliers d’écriture et de partitions graphiques avec des personnes de toutes sortes. Fil Berger, je, donc, est un improvisateur qui compose et performe en forgeant ses propres outils, ses champs lexicaux, ses instruments, sa présence au monde en les mettant sans cesse en variation continue. Son travail est la recherche de convergences multiples entre... l’idée et la pratique du « baroque » et... la pratique et l’idée de l’insurrection « œuvrière » autonome.

14 commentaires à propos de “#40jours #19 | manqué”

  1. On pourrait croire de prime abord que l’utilisation de fragments courts, un ou deux mots, pourrait produire un effet d’accélération, et c’est souvent utilisé ainsi, mais dans le cas de ton texte, cela finit par emporter l’adhésion d’une attente qui fragmente le temps et brise celui qui attend en mille morceaux, dépité.

    • Merci Philippe pour ton message si compréhensif.
      Oui, j’ai l’impression que l’attente morcelle le temps, l’esprit et le corps.
      Encore un grand merci !

  2. ah la méchante ! j’entends une voix qui parle dents serrés au travers de ces phrases hachées

    • Et tu as raison, Catherine !
      L’attente fait grincer des dents…
      Merci beaucoup pour ton passage par ici !

    • Oui, Claudine, il y a de ça dans ce texte. Les émotions par lesquelles on passe quand on attend.
      Merci beaucoup d’être passée voir par ici !!

  3. ah ben ça alors, rien qu’une attente pas si longue que ça.. mais quand on attend quelqu’un c’est différent
    et ça fonctionne toujours aussi bien…
    on attend avec toi et il ne vient jamais…

    • Merci à toi pour ton retour, Françoise !
      Des dents qui grincent, des piétinements rageurs, mais peut-être moins de rapidité dans le flux de mots…