#40jours #22 | midi dix à l’horloge de l’usine

Midi dix à l’horloge de l’usine : les tatoueurs sont assis sur un vieux siège de voiture défoncé, ils boivent des bières, attendent d’improbables clients. Midi dix à l’horloge de l’usine : photo de la fanfare, on tient à peine tous sur les escaliers, casquette bien droite, cravate serrée, sourire de circonstance. Midi dix à l’horloge de l’usine : la muette balaie les feuilles mortes. Midi dix à l’horloge de l’usine : le jour se lève et passent les enfants, en sautillant ; une petite fille s’emmêle les jambes, elle tombe, son cri réveille le vieux moustachu. Midi dix à l’horloge de l’usine : le jour tombe, ils se sont donné rendez-vous, il est un peu en avance ; quand elle arrive, il baisse les yeux, puis ils s’en vont derrière, ou devant, ils ne savent plus trop. Minuit dix à l’horloge de l’usine : un chat, puis une voiture ; les freins crissent, le chat continue son chemin, comme si de rien n’était. Midi dix à l’horloge de l’usine : les voitures en file devant les barrières, un train, des klaxons. Midi dix à l’horloge de l’usine : sur le camion, c’est une carcasse de baleine. Minuit dix à l’horloge de l’usine : le soleil tape fort sur le bitume, personne n’ose sortir de chez lui. Midi dix à l’horloge de l’usine : des portes, partout des portes ; mais il n’y a plus d’horloge à l’usine.

La baleine devant l’usine.

A propos de Vincent Francey

Enseignant, chanteur et clarinettiste amateur, je vis dans la région de Fribourg, en Suisse, et suis passionné de lecture et d'écriture depuis toujours, notamment via mon site a href="https://www.lie-tes-ratures.com/">lie tes ratures mais aussi sur un blog né à la suite de l'atelier d'été sur la ville : fribourgs.com. Auteur d'un livre autoédité, Je de mots, dictionnaire intime, je suis également présent sur YouTube pour, entre autres expérimentations, y parler de mes lectures.

2 commentaires à propos de “#40jours #22 | midi dix à l’horloge de l’usine”

  1. Vincent, je trouve ton texte très poétique.
    Il me fait penser à l’Amérique profonde, je ne sais pas pourquoi.
    Merci !

  2. Midi dix, l’horloge s’est arrétée; il sera quelque soit l’heure toujours midi dix – pour moi. Merci