#40 jours # 27 (II) | tu ne dis plus rien?

tu veux bien qu’on reprenne? je te demandais, si tu avais mesuré les risques ? tu étais très jeune? dirais-tu que ton inexpérience et ta témérité sont liées? qu’elles t’ont sauvées ? avais-tu peur? as-tu jamais envisagé le pire? perdu espoir? parce que le pire est arrivé n’est-ce pas? dirais-tu que c’est la chance qui t’a ramenée? autre chose? un enchainement d’évènements ? quand peut-on dire que c’est la chance? où est le vrai combat? le sais-tu à présent? dirais-tu que tu es partie, dés le début, pour combattre? cette nuit où tu pars, quand tu décides d’y aller, sais tu à quoi tu t’engages? Sais-tu où tu pars et avec qui? n’est-ce pas d’abord une fuite? tu as déjà parlé du refus de te laisser enfermée, n’était-ce pas d’abord le moyen de fuir? de te cacher autrement? cette fois au dehors, en luttant ? comment as-tu su qu’il existait cette organisation? Comment as-tu su que vous étiez un certain nombre à être prêts et que vous alliez vous retrouver? tu ne m’en as rien dit? quelqu’un t’avait parlé? c’est elle qui t’avait parlé? elle qui t’avait montré le chemin? jamais ? tu n’as compris qu’après dis-tu? elle ne voulait pas t’impliquer, elle se cachait de toi ? tu crois qu’elle avait peur de t’impliquer parce que cela t’exposait. Elle mesurait les risques mieux que quiconque, c’est ça? et la suite ne l’a pas démentie? elle se taisait pour te protéger et à travers toi, toutes et tous, tu le crois aujourd’hui, n’est-ce-pas? tu lui en veux de ne pas t’avoir parlée? il me semble que tu lui en veux? c’est l’impression que j’aie depuis que tu as accepté de me rencontrer? j’extrapole? c’est facile de projeter et après d’interpréter? je pousse trop loin?
Tu ne dis plus rien?
Tu veux qu’on arrête?
Non?
Dirais-tu qu’après sa disparition, tu y es tu allée en pensant inconsciemment la retrouver? que cet espoir t’a portée dans ton combat, jusqu’au bout ? non?
Tu y serais allée de toute façon?
As-tu jamais cherché à savoir si elle avait su pour toi? Quelqu’un aurait pu le lui dire? tu ne crois pas? Non? Tu n’as rien retrouvé, pas de papiers, ni de témoins? que des os dans une fosse?

Tu ne dis plus rien?


A propos de Nathalie Holt

Rêve de peinture. Quarante ans de scénographie plus loin, écrit pour lire et ne photographie pas que son lit.

6 commentaires à propos de “#40 jours # 27 (II) | tu ne dis plus rien?”

  1. brrrr… (je veux bien qu’on reprenne mais autant dans le 27-1 on avait le sentiment de, parfois, redécouvrir l’enfance, autant là, on sent l’adulte et les cruelles désillusions) (bravo c’est vraiment bien mené) (pour ma part, c’est l’un des exercices qui m’a paru le plus difficile – d’ailleurs je ne l’ai pas vraiment fait) (ça m’a fait penser au film de Philippe Faucon, « La désintégration »- quoiqu’on s’adresse à une femme – brrr…)