#40 jours #30 | Quand il n’y a rien à faire d’autre

Une canicule ces prochains jours. Ce qu’il faut savoir.

La première fois qu’il est arrivé au Mexique, il a été surpris par la sécheresse de la chaleur. Il voyait les hommes, les femmes, les enfants assis, accroupis ou adossés contre un mur, au pied d’un arbre et même sur le trottoir pour profiter de l’ombre étroite d’un panneau de signalisation. Il a appris à marcher lentement et à passer les heures chaudes à ne rien faire, allongé, à laisser filer des pensées (qui parfois le surprenaient bien qu’elles fussent siennes), le regard perdu vers le plafond. Dès que la température baissait un peu, il se rendait à quelques rendez-vous dont il profitait pour boire des bières, prétextant la soif. Il allait aussi dans le bar des hôtels où il lui arrivait d’échanger quelques mots avec des Américains, des bourgeoises mexicaines ou quelques spectateurs des matchs de boxe, de foot-ball ou de base-ball qui défilaient sur les grands écrans. Il avait compris que la vie se jouait là, loin des fortes chaleurs, dans ces salons climatisés où les glaçons tintaient dans les verres de whisky.

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Il s’en fout. Les clients viendront parce qu’il est compétent et qu’il est le seul dans la ville à être compétent. Sa boutique ne ressemble à rien parce qu’elle n’a pas besoin de ressembler à quoique ce soit. Un panneau sur la porte d’entrée avec les horaires, un panneau dans chaque vitrine, une enseigne, ça suffira. S’il n’y a personne dans la boutique, ce sera l’occasion de travailler sur ses projets. Il lui faut juste des contacts sûrs pour les livraisons et pour le remplacer les quelques jours par mois où il ira à Los Angeles. Il recrutera un jeune ou une jeune qu’il formera. Et ça ira bien. 

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Quand elle est arrivé à Barcelone, elle n’avait aucune idée de l’endroit où chercher un logement. Elle a pris une chambre d’hôtel pour deux jours et a commencé à chercher sur des sites français. Elle a fait la même chose sur Facebook où elle a trouvé plusieurs groupes pour partager des colocations. Elle a emménagé dans l’une d’entre elles, au premier étage, au-dessus d’un loueur de vélos et d’une supérette. Il y avait une perceuse aussi, qui lui a placé un bijou fin en titane dans le septum.

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Il regarde marcher les humains autour de lui, à Chicago, New York, Rio, Berlin, Libreville, Séoul, Beyrouth, Paris. Son oeil traverse les tissus, il évalue la densité des chairs. Le mouvement des épaules, des hanches, la manière de poser les pieds au sol lui dessinent la ligne des jambes, de l’abdomen, du torse. De la matière de la peau, il jauge la tenue des convexités. Il n’a pas accès aux rides, aux cicatrices, aux vergetures, aux marques secrètes ou cachées. Il en reste aux épaisseurs, aux tonicités, aux déséquilibres que les fards et les vêtements ne masquent jamais vraiment.

3 commentaires à propos de “#40 jours #30 | Quand il n’y a rien à faire d’autre”

  1. Très belle suite de textes. Nonchalance et détermination à la fois. Étrange et beau.
    Merci Philippe !