#40jours #08 | Pouce

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Un bus le matin, un bus le soir. Pour se déplacer, restent le vélo en été quand ça ne monte pas trop et le stop, en toutes saisons. Dans la vallée, tout le monde sait, et tout le monde emmène, on connait de vue, de ragot, de connaissance éloignée. Ou on ne connait pas, mais ils sont au bon endroit. À l’arrêt de stop.

Pont des Adoubes, premier point de stop pour ceux qui vont dans la vallée, officiellement la place Charles Albert, mais personne n’utilise ce nom-là. Rond-point dont le rond est simplement dessiné sur la route, rien qui dépasse, donc tout le monde coupe. Parfois on s’arrête vite fait. Venant du pont des Adoubes, sur la droite, le tabac-presse-épicerie, la tranche de jambon et les tomates pour le soir ou le saucisson pour l’apéro chez les copains, c’est là. La boite aux lettres, le restaurant façon bistrot qui a remplacé la boutique de robes de mariées, la boulangerie et le salon de coiffure à côté du magasin qui propose des coupes, médailles et trophées avec gravure sur place, passage piétons et le petit parking avec la vitrine du fabricant de cuisines et l’auto-école. Important l’auto-école quand il n’y a qu’un bus le matin et un le soir. La route qui monte vers la cité médiévale et les deux bars ou bistrots, ou cafés, jamais testé la différence mais il y en a forcément une pour avoir deux établissements côte à côte. Et l’arrêt de stop au passage piéton, le long du mur de l’ancienne fabrique, désaffectée et partiellement murée.

Point stratégique suivant pour le stop dans la vallée, le rond-point de Queige. Parking juste à côté, point de covoiturage pour beaucoup, on s’arrange. L’endroit est nu. Quand il pleut, il pleut. Pas d’abri. Un rond-point et sa verdure, en face la route qui monte vers le village, derrière, le petit lac qui fait plan d’eau en été, des jeux pour les enfants, la halle du marché des producteurs le vendredi soir de mai à octobre. Mais le stop, c’est toute l’année. Alors quand il pleut ou qu’il fait froid, en général, on n’attend pas trop longtemps.

Dans l’autre sens, au Départ de Beaufort, l’arrêt de stop est plus flou. En été, c’est juste après le rond-point qui célèbre en statue métallique le fromage et la montagne, à l’ombre des cyprès qui bordent la piscine municipale, les cris des enfants et les éclaboussures dans les oreilles. Le flou de l’arrêt s’étend ensuite le long de la route jusqu’à la caserne des pompiers. Sur ce bout de chemin on a quelques maisons, les terrains de tennis, et en face, ce terrain caillouteux qui sert d’arrêt aux camping-cars en mal de grégarité, entre le flot des voitures et celui de la rivière.

Pour le reste, on s’arrange…

A propos de Juliette Derimay

Juliette Derimay, lit avidement et écrit timidement, tout au bout d’un petit chemin dans la montagne en Savoie. Travaille dans un labo photo de tirages d’art. Construit doucement des liens entre les images des autres et ses propres textes. Entre autres. À retrouver sur son site les enlivreurs.

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