#40jours #14 I Non pas des papiers mais des cartes

Le contenu de son petit sac à dos qui était ouvert vient de se répandre au sol de même que le sac à dos. Son chat Gaspard, se rendant compte que le sac était léger, avait joué à essayer de le faire tomber et y était parvenu sans la moindre difficulté. Amusée, elle entreprend d’examiner ce contenu, ce qui est plus facile à effectuer avec une certaine objectivité quand les objets sont posés en dehors du sac, l’obscurité qui y règne n’étant pas propice à ce type d’examen. En effet, soit on regarde au fond et on ne voit rien ou si peu (en l’occurrence il y avait peu), soit on y plonge la main à l’aveugle et on ne trouve rien ou du moins pas ce que l’on veut y trouver. Raison pour laquelle d’ailleurs elle met  toujours son trousseau de clés au même endroit afin de pouvoir s’en saisir sans devoir regarder à l’intérieur du sac. Elle dénombre quatre objets qu’elle ramasse et pose sur la table : son iPhone dans une coque à rabat, une petite trousse plate à fermeture éclair, un étui à lunettes solaires, un paquet de mouchoirs en papier. Lorsqu’elle est hors de chez elle s’ajoute un cinquième objet : le trousseau de clé. Lui vient alors l’idée de relever, parmi ces objets, ce dont elle a besoin administrativement pour fonctionner dans la ville, en réalité pas grand chose, ça tient en quatre cartes : carte de débit, carte de crédit, carte MOBIB 1 et carte d’identité. Sa carte de débit et sa carte d’identité sont placées dans les fentes prévues à cet effet dans le rabat de sa housse de téléphone, sa carte de crédit et sa carte MOBIB dans la petite trousse plate à fermeture éclair où elle range également quelques billets et pièces. Mais comme partout, la carte principale est la carte d’identité, c’est le règne du « tout à la carte d’identité » : pour se connecter à Tax-on-web (remplir sa déclaration d’impôts), pour se connecter à Masanté.be (dossiers médicaux, vaccins, immunité covid, résultats test PCR), pour contracter un prêt, pour se connecter à CatID ou DogID), les prescriptions médicales et demandes de remboursements de sécurité sociale, tout est transféré sur ou via la carte d’identité, plus besoin de déposer les attestations de soins médicaux dans les boîtes aux lettres des bureaux de mutuelle. Plus rien de tangible, elle trouve ça étrange et en même temps quoi de mieux que de voir la paperasserie diminuer, ce qui ne signifie pas que la lourdeur des démarches administratives se dissipe en proportion. Alors elle se relève et se dit qu’elle va aller voir ses amies pour savoir si elle est la seule à avoir si peu dans son sac, si elle n’a pas oublié une carte indispensable mais elle est quasi certaine que non et elle se ravise, elle n’ira pas voir ses amies pour leur poser cette question qui n’a que si peu d’intérêt.

1 Carte pour les transports en commun de la Société des Transports Intercommunaux de Bruxelles (dite couramment la STIB – prononcer comme un mot)

A propos de Catherine K.

Mon nom complet est Catherine Koeckx (prononcer Kouks). Citadine depuis toujours mais avide de nature et de grands espaces que je partage par la photo ou l’aquarelle (www.catherinekoeckx.be), je suis aussi passionnée par la ville (@bruxelles_autrement). Bruxelles mais pas que... J’ai publié Le Guide lovecraftien de Providence en 2021 (disponible sur Amazon.fr ou sur commande privée). Je viens de lancer mon blog littéraire Itinéraires pluriels (https://itinerairespluriels.wordpress.com).

2 commentaires à propos de “#40jours #14 I Non pas des papiers mais des cartes”

  1. Tu as raison, Catherine, pourquoi s’encombrer de tant de paperasse ?
    Merci pour ton texte agréable et efficace !