#40jours #14bis | La ceinture de colère

«  je ne suis pas tranquille, allongé sur le matelas à l’arrière de la camionnette que j’ai aménagée pour pouvoir voyager, me déplacer en escargot, avec ma maison. Hier soir, fatigué. Je sais que je dois faire des courses et je me suis arrêté trop près de la ville, mais trop loin de son centre, dans sa ceinture de colère, dans son intermédiaire, là où vit la fatigue du train de banlieue trop sale, là où on tue le temps en le criant bien haut, pot d’échappement percé, ferraille qui bringuebale, conversation feutrée qui ne dit rien qui vaille. Une ceinture de colère rejetée par le centre mais attirée par lui. Gravitation, poussières d’étoiles, orbite. Immobile au milieu de ces astéroïdes, je crains la collision. J’essaye d’écrire sans arriver à me concentrer sur ma journée d’hier, hier c’était la mer, mais hier c’est trop loin, je suis dans le présent, dans la portière qui claque, dans cet objet trainé, dans cette interjection. Je dois quitter l’endroit, ces bruits que je ne sais pas. Je ne suis pas tranquille » 

A propos de Juliette Derimay

Juliette Derimay, lit avidement et écrit timidement, tout au bout d’un petit chemin dans la montagne en Savoie. Travaille dans un labo photo de tirages d’art. Construit doucement des liens entre les images des autres et ses propres textes. Entre autres. À retrouver sur son site les enlivreurs.