#40jours #14bis | Oratorio pour un.e Ange

L’ange qui ne veut pas chanter

Je ne suis pas tranquille …

On ne l’a pas vu arriver dans la vitrine cette figurine un.e. ange qui boude elle ne veut pas chanter cette partition imposée par un épistolier qui n’a pas daigné lui laisser un seul jour de repos entre deux concerts ielle a replié ses ailes ielle veut aller à la piscine même si ça pue le chore ielle ne veut pas attendre sa mère sous la clim de l’agence pas de nounou pour lale garder iele a envie de chialer le périscolaire est en grève lale maitre.ss.e a la covid numéro 7 on ne sait même pas ce que c’est les gens tombent en fièvre et en fatigue comme des mouches sous insecticide rien ne va plus le gouvernement prend l’eau le radeau des méduses et des cargos pour le grand lendemain qui déchante n’a pas de canots de secours pour tout le monde une libellule est même montée jusqu’au troisième étage ce matin ielle ne savait plus où ielle habitait on n’a pas pu l’aider ielle n’avait pas de papiers alors ielle est redescendue ce n’était pas un.e ange ielle n’avait pas de partition sous le coude pour justifier sa présence les pies d’en face l’ont regardée avec gourmandise ce n’est pas tous les jours qu’un.e hélicoptère à hélices statiques quitte son étang pour venir en ville cette consigne 14 bis n’a ni queue ni tête elle a besoin de faire trempette dans une sieste bien programmée ce n’est pas normal de rester dans une vitrine à attendre des consignes qui tombent comme des grêlons un peu n’importe où et n’importe comment plein de choristes se sont mis sous abri déclarent forfait ou sursis et moi qu’est-ce que je fais avec ce.t.te ange qui boude et qui me demande si je peux chanter à sa place je ne connais que des chansons à textes qui barbent tout le monde et j’aime trop les anges pour les abandonner il faudra en parler un jour de ce jeune garçon autiste qui avait déclaré à son Ami écrivain Patrick Laupin qu’il avait un ange auprès de lui, mais qu’il était …incompétent il y a aussi l’ange qui boite de Jean-Marie Kerwich (1952-2018) on ne va pas en dire davantage aujourd’hui sur les anges, il y en a plein sur les rayons des bibliothèques et très peu dans la vie réelle sans compter toutes les versions qu’on a fait passer pour des anges et qui n’étaient que des refusé.e.s ou des oublié.e.s. on ne doit pas parler d’angelisme et d’angles morts de la vie humaine sans réfléchir dans cette vitrine de Rodez il y avait une créature qui m’attendait je l’ai adoptée ielle et beaucoup d’autres par la suite je ne crois pas aux anges mais leurs incarnations dans l’imaginaire populaire et iconographique me rappellent des souvenirs d’enfance aussi ce qu’on nous faisait chanter à la messe de Minuit

Ange qui pleure

A propos de Marie-Thérèse Peyrin

L'entame des jours, est un chantier d'écriture que je mène depuis de nombreuses années. Je n'avais au départ aucune idée préconçue de la forme littéraire que je souhaitais lui donner : poésie ou prose, journal, récit ou roman... Je me suis mise à écrire au fil des mois sur plusieurs supports numériques ou papier. J'ai inclus, dans mes travaux la mise en place du blog de La Cause des Causeuses dès 2007, mais j'ai fréquenté internet et ses premiers forums de discussion en ligne dès fin 2004. J'avais l'intuition que le numérique et l 'écriture sur clavier allaient m'encourager à perfectionner ma pratique et m'ouvrir à des rencontres décisives. Je n'ai pas été déçue, et si je suis plus sélective avec les années, je garde le goût des découvertes inattendues et des promesses qu'elles recèlent encore. J'ai commencé à écrire alors que j'exerçais encore mon activité professionnelle à l'hôpital psy. dans une fonction d'encadrement infirmier, qui me pesait mais me passionnait autant que la lecture et la fréquentation d'oeuvres dont celle de Charles JULIET qui a sans doute déterminé le déclic de ma persévérance. Persévérance sans ambition aucune, mon sentiment étant qu'il ne faut pas "vouloir", le "vouloir pour pouvoir"... Ecrire pour se faire une place au soleil ou sous les projecteurs n'est pas mon propos. J'ai l'humilité d'affirmer que ne pas consacrer tout son temps à l'écriture, et seulement au moment de la retraite, est la marque d'une trajectoire d'écrivain.e ou de poète(sse) passablement tronquée. Je ne regrette rien. Ecrire est un métier, un "artisanat" disent certains, et j'aime observer autour de moi ceux et celles qui s'y consacrent, même à retardement. Ecrire c'est libérer du sentiment et des pensées embusqués, c'est permettre au corps de trouver ses mots et sa voix singulière. On ne le fait pas uniquement pour soi, on laisse venir les autres pour donner la réplique, à la manière des tremblements de "taire"... Soulever l'écorce ne me fait pas peur dans ce contexte. Ecrire ,c'est chercher comment le faire encore mieux... L'entame des jours, c'est le sentiment profond que ce qui est entamé ne peut pas être recommencé, il faut aller au bout du festin avec gourmandise et modération. Savourer le jour présent est un vieil adage, et il n'est pas sans fondement.

3 commentaires à propos de “#40jours #14bis | Oratorio pour un.e Ange”

  1. Je ne connaissais pas ce film , ni le livre et ça prolonge bien cette mise en scène de protestation de mes anges intérieurs. Merci Nathalie ! Les anges passent et ne demandent leur chemin à personne. Ce que l’on ne sait pas toujours, c’est que ce sont eux les messagers ielles sont d’un double monde et ils ont des missions parfois impossibles. Relier le statut d’ange à celui de schizophrène n’est pas dénué de pertinence. Régis Debray a bien décrit cela en s’amusant à propos des médias. Les anges annonciateurs sont parfois sous tutelle et s’ils deviennent plus importants et plus visibles que les gens qu’ils représentent ça pose vraiment problème au bout d’un moment. Mais c’est une autre histoire… Ce texte tient plus d’une forfanterie que d’une reflexion sérieuse sur la consigne Tarkos. Le Tarkosisme est peut-être une histoire d’ange déçu. Qui sait ?